Les arrestations de quatre figures du mouvement étudiant thaïlandais et le coup d’état en Birmanie voisine relancent le mouvement en faveur d’une ouverture démocratique du pays. Militants thaïlandais et birmans sont descendus dans les rues de Bangkok pour demander d’une seule voix la libération d’Aung San Suu Kyi et des leaders étudiants inculpés de lèse-majesté en Thaïlande.
Ils sont venus par centaines, de plus en plus nombreux au fur et à mesure qu’ils se rassemblaient sur l’esplanade à l’extérieur d’un centre culturel, dans le centre-ville de Bangkok. Ils sont étudiants, universitaires, employés de bureau, petits patrons, hommes et femmes d’âge moyen. Beaucoup frappaient sur des casseroles et des marmites : le vacarme tonitruant recouvrait le bruit de la circulation pourtant dense des routes adjacentes. Plusieurs manifestants portaient des pancartes appelant au rétablissement de la démocratie au Myanmar et en Thaïlande, d’autres se lançaient dans des discours enflammés, armés d’un microphone et d’enceintes portables.
Après une interruption de plusieurs semaines, les jeunes militants thaïlandais prodémocratie étaient de retour en force dans les rues de Bangkok l’après-midi du 10 février pour réclamer à nouveau des réformes démocratiques et exiger la libération de plusieurs dirigeants de leur mouvement. Le flash mob s’est rassemblé en réponse à la décision des autorités thaïlandaises de mettre à nouveau sous les verrous quatre célèbres activistes, y compris l’avocat des droits humains Anon Nampa et le leader étudiant Parit Chiwarak. Les quatre militants ont été inculpés de crime de lèse-majesté, avec 54 autres personnes, à cause de commentaires émis lors de précédents rassemblements étudiants l’année dernière, où les manifestants appelaient à une réforme de la monarchie thaïlandaise, traditionnellement représentée comme sacrée et au-dessus de tout reproche.
Leur demande de liberté sous caution a été refusée, et ils risquent plusieurs décennies derrière les barreaux, puisque chaque commentaire anti-monarchie peut valoir à lui seul quinze ans de prison. « Le gouvernement prétend que nous vivons en démocratie, mais nous sommes sous le joug d’une dictature militaire » déclare une jeune manifestante, étudiante à l’université de Chulalongkorn, à Bangkok. Elle brandit une pancarte où il est écrit : « Non au 112 », en référence à l’article 112 du code pénal sur le crime de lèse-majesté, qui criminalise toute critique du Roi, de la Reine ou de l’héritier de la Couronne. « L’armée thaïlandaise copie ce qu’a fait la Chine à Hong Kong, poursuit-elle. Elle utilise des lois injustes pour arrêter les manifestants. Mais cette fois, ils ne pourront pas nous stopper, parce qu’on en a vraiment assez, et que nous sommes très nombreux. » Jusqu’ici, au moins 58 personnes, y compris des mineurs, ont été inculpés de lèse-majesté, un état de fait condamné par les experts internationaux.
D’autres inculpations suivront sans doute, car les autorités thaïlandaises semblent déterminées à sévir contre les activistes prodémocratie, grâce à l’utilisation des lois sur le crime de lèse-majesté, la sédition et d’autres délits, en lien avec leur participation à des rassemblements l’année dernière. Il y a quelques jours, plusieurs experts auprès des Nations Unies ont publié un communiqué condamnant fermement l’augmentation du nombre de cas de lèse-majesté dans le pays :« Nous sommes très inquiets de la hausse du nombre des poursuites judiciaires pour crime de lèse-majesté depuis fin 2020, et de la sévérité grandissante des peines, indique le communiqué. Le fait que certaines formes d’expression soient considérées comme offensantes pour une figure publique ne justifie pas l’application de peine si sévères. »
Le coup d’état en Birmanie a créé des contacts entre militants Thaïs et Birmans.
Le regain d’énergie du mouvement de jeunesse thaïlandais n’est pas étranger au coup d’état perpétré par l’armée chez leurs voisins birmans : des centaines d’activistes thaïlandais ont participé aux côtés des militants birmans aux manifestations organisées devant l’ambassade du Myanmar à Bangkok. A chaque fois, la police anti-émeutes a dû utiliser la force pour disperser les centaines de manifestants. Plusieurs militants birmans ont alors renvoyé l’ascenseur en participant aux côtés de leurs homologues thaïlandais aux manifestations du 10 février. Ils y tenaient des pancartes exigeant le rétablissement du gouvernement élu et la libération de l’icône de la démocratie Aung San Suu Kyi, ainsi que des autres responsables politiques arrêtés au Myanmar après le coup d’état. « Nous sommes dans le même bateau ! » hurle un jeune manifestant Thai pour couvrir le bruit des casseroles. « Nous voulons la démocratie en Thaïlande et ils veulent la démocratie en Birmanie. Ce n’est pas le travail des militaires de diriger un pays et d’oppresser les populations. » Un coup d’arrêt avait été mis à la démocratie thaïlandaise en mai 2014 lors du coup d’état mené par le général Prayuth Chan O Cha, qui renversa le gouvernement élu. Sept ans plus tard, légitimé au cours d’un scrutin très controversé, le général Prayuth est toujours au pouvoir et ne semble pas vouloir discuter d’éventuelles réformes démocratiques. Au contraire, son administration a répondu au mécontentement croissant de la population en cherchant à étouffer la dissidence par une utilisation punitive des lois du pays, y compris la loi draconienne de lèse-majesté.
Mais les jeunes Thaïlandais semblent très déterminés à retourner dans la rue pour exiger un changement, malgré les risques. Les militants prodémocratie se saisissent à nouveau des réseaux sociaux pour organiser une nouvelle série de manifestations : « À tout le peuple : Nous vous exhortons à sortir et à vous unir pour montrer que nous ne tolérerons plus cette répression, au nom d’un meilleur avenir pour la Thaïlande », a déclaré le 10 février un groupe d’organisateurs sur le réseau twitter. L’utilisation des réseaux permet de mettre en scène très rapidement des rassemblements de type ‘’flash mob’’ à des endroits stratégiques de la ville, réduisant à néant les tentatives des autorités de faire interdire les manifestations à l’avance.
(Source: Églises d'Asie - le 12/02/2021, Avec Ucanews, Bangkok)
Ils sont venus par centaines, de plus en plus nombreux au fur et à mesure qu’ils se rassemblaient sur l’esplanade à l’extérieur d’un centre culturel, dans le centre-ville de Bangkok. Ils sont étudiants, universitaires, employés de bureau, petits patrons, hommes et femmes d’âge moyen. Beaucoup frappaient sur des casseroles et des marmites : le vacarme tonitruant recouvrait le bruit de la circulation pourtant dense des routes adjacentes. Plusieurs manifestants portaient des pancartes appelant au rétablissement de la démocratie au Myanmar et en Thaïlande, d’autres se lançaient dans des discours enflammés, armés d’un microphone et d’enceintes portables.
Après une interruption de plusieurs semaines, les jeunes militants thaïlandais prodémocratie étaient de retour en force dans les rues de Bangkok l’après-midi du 10 février pour réclamer à nouveau des réformes démocratiques et exiger la libération de plusieurs dirigeants de leur mouvement. Le flash mob s’est rassemblé en réponse à la décision des autorités thaïlandaises de mettre à nouveau sous les verrous quatre célèbres activistes, y compris l’avocat des droits humains Anon Nampa et le leader étudiant Parit Chiwarak. Les quatre militants ont été inculpés de crime de lèse-majesté, avec 54 autres personnes, à cause de commentaires émis lors de précédents rassemblements étudiants l’année dernière, où les manifestants appelaient à une réforme de la monarchie thaïlandaise, traditionnellement représentée comme sacrée et au-dessus de tout reproche.
Leur demande de liberté sous caution a été refusée, et ils risquent plusieurs décennies derrière les barreaux, puisque chaque commentaire anti-monarchie peut valoir à lui seul quinze ans de prison. « Le gouvernement prétend que nous vivons en démocratie, mais nous sommes sous le joug d’une dictature militaire » déclare une jeune manifestante, étudiante à l’université de Chulalongkorn, à Bangkok. Elle brandit une pancarte où il est écrit : « Non au 112 », en référence à l’article 112 du code pénal sur le crime de lèse-majesté, qui criminalise toute critique du Roi, de la Reine ou de l’héritier de la Couronne. « L’armée thaïlandaise copie ce qu’a fait la Chine à Hong Kong, poursuit-elle. Elle utilise des lois injustes pour arrêter les manifestants. Mais cette fois, ils ne pourront pas nous stopper, parce qu’on en a vraiment assez, et que nous sommes très nombreux. » Jusqu’ici, au moins 58 personnes, y compris des mineurs, ont été inculpés de lèse-majesté, un état de fait condamné par les experts internationaux.
D’autres inculpations suivront sans doute, car les autorités thaïlandaises semblent déterminées à sévir contre les activistes prodémocratie, grâce à l’utilisation des lois sur le crime de lèse-majesté, la sédition et d’autres délits, en lien avec leur participation à des rassemblements l’année dernière. Il y a quelques jours, plusieurs experts auprès des Nations Unies ont publié un communiqué condamnant fermement l’augmentation du nombre de cas de lèse-majesté dans le pays :« Nous sommes très inquiets de la hausse du nombre des poursuites judiciaires pour crime de lèse-majesté depuis fin 2020, et de la sévérité grandissante des peines, indique le communiqué. Le fait que certaines formes d’expression soient considérées comme offensantes pour une figure publique ne justifie pas l’application de peine si sévères. »
Le coup d’état en Birmanie a créé des contacts entre militants Thaïs et Birmans.
Le regain d’énergie du mouvement de jeunesse thaïlandais n’est pas étranger au coup d’état perpétré par l’armée chez leurs voisins birmans : des centaines d’activistes thaïlandais ont participé aux côtés des militants birmans aux manifestations organisées devant l’ambassade du Myanmar à Bangkok. A chaque fois, la police anti-émeutes a dû utiliser la force pour disperser les centaines de manifestants. Plusieurs militants birmans ont alors renvoyé l’ascenseur en participant aux côtés de leurs homologues thaïlandais aux manifestations du 10 février. Ils y tenaient des pancartes exigeant le rétablissement du gouvernement élu et la libération de l’icône de la démocratie Aung San Suu Kyi, ainsi que des autres responsables politiques arrêtés au Myanmar après le coup d’état. « Nous sommes dans le même bateau ! » hurle un jeune manifestant Thai pour couvrir le bruit des casseroles. « Nous voulons la démocratie en Thaïlande et ils veulent la démocratie en Birmanie. Ce n’est pas le travail des militaires de diriger un pays et d’oppresser les populations. » Un coup d’arrêt avait été mis à la démocratie thaïlandaise en mai 2014 lors du coup d’état mené par le général Prayuth Chan O Cha, qui renversa le gouvernement élu. Sept ans plus tard, légitimé au cours d’un scrutin très controversé, le général Prayuth est toujours au pouvoir et ne semble pas vouloir discuter d’éventuelles réformes démocratiques. Au contraire, son administration a répondu au mécontentement croissant de la population en cherchant à étouffer la dissidence par une utilisation punitive des lois du pays, y compris la loi draconienne de lèse-majesté.
Mais les jeunes Thaïlandais semblent très déterminés à retourner dans la rue pour exiger un changement, malgré les risques. Les militants prodémocratie se saisissent à nouveau des réseaux sociaux pour organiser une nouvelle série de manifestations : « À tout le peuple : Nous vous exhortons à sortir et à vous unir pour montrer que nous ne tolérerons plus cette répression, au nom d’un meilleur avenir pour la Thaïlande », a déclaré le 10 février un groupe d’organisateurs sur le réseau twitter. L’utilisation des réseaux permet de mettre en scène très rapidement des rassemblements de type ‘’flash mob’’ à des endroits stratégiques de la ville, réduisant à néant les tentatives des autorités de faire interdire les manifestations à l’avance.
(Source: Églises d'Asie - le 12/02/2021, Avec Ucanews, Bangkok)