Il aura fallu près de 10 jours aux autorités officielles de la province de Lâm Dông pour rendre publique leur version officielle de l’expulsion des quelque 400 religieux du monastère de Bat Nha, qui a eu lieu le 27 septembre dernier, dans la contrainte et la violence. La presse internationale a déjà largement rendu compte des événements et signalé que la police continue de mener une intense action psychologique auprès des religieux du « Village des Pruniers », actuellement réfugiés dans la pagode de Phuoc Huê, dans la ville de Bao Lôc. Ce n’est que le 6 octobre que, pour la première fois, le Comité populaire de la province de Lâm Dông, par la voix de son porte-parole, Vo Ngoc Hiêp, a livré à la presse un commentaire officiel des événements. La déclaration a été faite, le 6 octobre, à l’agence officielle du Vietnam, Tông Tân Xa Viet Nam, et reprise le lendemain par le Thanh Niên et plusieurs journaux (1).
La version des faits présentée est pour le moins originale. L’ensemble des témoignages recueillis jusqu’ici attribue la responsabilité de l’agression du monastère à une troupe de personnes mobilisées par la police et opérant sous son œil complaisant. La déclaration des autorités provinciales parle, elle, d’un « conflit interne » entre les anciens religieux du monastère de Bat Nha, sous la direction du vénérable Thich Duc Nghi, et la nouvelle communauté issue de l’école bouddhique du « Village des Pruniers ». Dans l’après-midi du 8 octobre, Mme Nguyên Phuong Nga, porte-parole des Affaires étrangères vietnamiennes, au cours d’une conférence de presse, a présenté la même version des faits et précisé qu’il n’ y avait aucune pression du gouvernement sur les 400 moines réfugiés à Phuoc Huê. La presse officielle lui a rapidement emboîté le pas.
Selon la version officielle, ce « conflit interne » aurait commencé en juin 2008, date à laquelle le recteur du monastère Thich Duc Nghi retire son patronage à la communauté du « Village des Pruniers » à cause de ses infractions à un certain nombre de règles. Les religieux accueillis auraient, en particulier, négligé de demander un certain nombre d’autorisations aux autorités civiles et religieuses. Le recteur du monastère leur a alors demandé de quitter les lieux, une demande réitérée plusieurs fois, que les disciples du « Village des Pruniers » n’auraient pas voulu mettre à exécution. Telle aurait été l’origine du conflit entre les deux groupes de moines résidant dans le monastère. Selon le porte-parole des autorités provinciales, ce sont des bouddhistes en colère qui ont procédé à l’expulsion des moines hors du monastère de Bat Nha, les 27 et 28 septembre 2009. Les autorités locales ne seraient en rien intervenues et se seraient contentées d’assurer l’ordre et la sécurité.
Cette version des faits convaincra peu de monde. Dès l’année dernière, un organe important du gouvernement central, le Bureau des Affaires religieuses, s’est engagé publiquement dans cette affaire. Dans un document, intitulé « 1329/TGCP-PG » et publié le 29 octobre 2008, le Bureau condamnait le fondateur du « Village des Pruniers » pour ses critiques de la ligne politique du gouvernement et ses violation de la législation vietnamienne. Ses disciples au Vietnam étaient accusés de non-observance des prescriptions de la loi. Par ailleurs, un site Internet consacré à la communauté de Bat Nha a mis en ligne un document du Comité populaire de Bao Lôc, « N° 789 UBND Bao Loc » daté du 7 septembre 2009 demandant à tous les fonctionnaires de mettre en œuvre une propagande qui explique à la population « les activités illégales » de la communauté du « Village des Pruniers », ses infractions aux prescriptions du Parti et de l’Etat en matière religieuse, « en vue de saboter le gouvernement et de s’opposer à l’Eglise bouddhiste vietnamienne » (2).
Depuis le 27 septembre, les religieux bouddhistes de l’école du « Village des Pruniers » ont élevé de vigoureuses protestations. Actuellement, deux sites Internet consacrés à l’affaire Bat Nha diffusent, en plusieurs langues, documents et témoignages. On peut y lire deux lettres écrites au lendemain des événements par le fondateur de l’école, le vénérable Thich Nhât Hanh, l’une adressée au chef de l’Etat, la seconde aux intellectuels du pays. L’une et l’autre sont signées Nguyên Lang, qui est le nom de plume bien connu du religieux. Les réactions sont aussi très vives dans les milieux bouddhistes du pays: des lettres ouvertes circulent. Les autorités de l’Eglise bouddhiste du Vietnam, pourtant généralement soumises aux directives de l’Etat, ne cachent pas leur émotion dans un certain nombre de rapports sur l’expulsion du 27 septembre dernier.
(1) Voir ce communiqué à l’adresse http://vn.news.yahoo.com/tno/20091007/tpl-ubnd-tinh-lam-dong-noi-ve-vu-viec-ta-949c3be.htm
(2) http://www.phapnanbatnha.net/index.php?option=com_content&view=article&id=309:qkhong-co-vic-ep-400-ngi-ri-bat-nhaq&catid=36:xa-hi&Itemid=69
(Source: Eglises d'Asie, 9 octobre 2009)
La version des faits présentée est pour le moins originale. L’ensemble des témoignages recueillis jusqu’ici attribue la responsabilité de l’agression du monastère à une troupe de personnes mobilisées par la police et opérant sous son œil complaisant. La déclaration des autorités provinciales parle, elle, d’un « conflit interne » entre les anciens religieux du monastère de Bat Nha, sous la direction du vénérable Thich Duc Nghi, et la nouvelle communauté issue de l’école bouddhique du « Village des Pruniers ». Dans l’après-midi du 8 octobre, Mme Nguyên Phuong Nga, porte-parole des Affaires étrangères vietnamiennes, au cours d’une conférence de presse, a présenté la même version des faits et précisé qu’il n’ y avait aucune pression du gouvernement sur les 400 moines réfugiés à Phuoc Huê. La presse officielle lui a rapidement emboîté le pas.
Selon la version officielle, ce « conflit interne » aurait commencé en juin 2008, date à laquelle le recteur du monastère Thich Duc Nghi retire son patronage à la communauté du « Village des Pruniers » à cause de ses infractions à un certain nombre de règles. Les religieux accueillis auraient, en particulier, négligé de demander un certain nombre d’autorisations aux autorités civiles et religieuses. Le recteur du monastère leur a alors demandé de quitter les lieux, une demande réitérée plusieurs fois, que les disciples du « Village des Pruniers » n’auraient pas voulu mettre à exécution. Telle aurait été l’origine du conflit entre les deux groupes de moines résidant dans le monastère. Selon le porte-parole des autorités provinciales, ce sont des bouddhistes en colère qui ont procédé à l’expulsion des moines hors du monastère de Bat Nha, les 27 et 28 septembre 2009. Les autorités locales ne seraient en rien intervenues et se seraient contentées d’assurer l’ordre et la sécurité.
Cette version des faits convaincra peu de monde. Dès l’année dernière, un organe important du gouvernement central, le Bureau des Affaires religieuses, s’est engagé publiquement dans cette affaire. Dans un document, intitulé « 1329/TGCP-PG » et publié le 29 octobre 2008, le Bureau condamnait le fondateur du « Village des Pruniers » pour ses critiques de la ligne politique du gouvernement et ses violation de la législation vietnamienne. Ses disciples au Vietnam étaient accusés de non-observance des prescriptions de la loi. Par ailleurs, un site Internet consacré à la communauté de Bat Nha a mis en ligne un document du Comité populaire de Bao Lôc, « N° 789 UBND Bao Loc » daté du 7 septembre 2009 demandant à tous les fonctionnaires de mettre en œuvre une propagande qui explique à la population « les activités illégales » de la communauté du « Village des Pruniers », ses infractions aux prescriptions du Parti et de l’Etat en matière religieuse, « en vue de saboter le gouvernement et de s’opposer à l’Eglise bouddhiste vietnamienne » (2).
Depuis le 27 septembre, les religieux bouddhistes de l’école du « Village des Pruniers » ont élevé de vigoureuses protestations. Actuellement, deux sites Internet consacrés à l’affaire Bat Nha diffusent, en plusieurs langues, documents et témoignages. On peut y lire deux lettres écrites au lendemain des événements par le fondateur de l’école, le vénérable Thich Nhât Hanh, l’une adressée au chef de l’Etat, la seconde aux intellectuels du pays. L’une et l’autre sont signées Nguyên Lang, qui est le nom de plume bien connu du religieux. Les réactions sont aussi très vives dans les milieux bouddhistes du pays: des lettres ouvertes circulent. Les autorités de l’Eglise bouddhiste du Vietnam, pourtant généralement soumises aux directives de l’Etat, ne cachent pas leur émotion dans un certain nombre de rapports sur l’expulsion du 27 septembre dernier.
(1) Voir ce communiqué à l’adresse http://vn.news.yahoo.com/tno/20091007/tpl-ubnd-tinh-lam-dong-noi-ve-vu-viec-ta-949c3be.htm
(2) http://www.phapnanbatnha.net/index.php?option=com_content&view=article&id=309:qkhong-co-vic-ep-400-ngi-ri-bat-nhaq&catid=36:xa-hi&Itemid=69
(Source: Eglises d'Asie, 9 octobre 2009)