Bat Nha: un religieux vietnamien vivant en France présente aux dirigeants vietnamiens un programme de réformes morales
Eglises d’Asie, 19 février 2010 – Dans les derniers jours de l’année 2009, le fondateur de l’école bouddhique du « Village des pruniers », le vénérable Thich Nhât Hanh, avait vu les autorités locales démanteler et disperser la communauté fondée par lui au monastère de Bat Nha, dans le centre du Vietnam (1). Dans un premier texte, il avait patiemment dégagé la signification spirituelle des événements ayant conduit à la dispersion de ses disciples (2), comme l’on déchiffre l’énigme d’un « koan » du bouddhisme zen. Tout récemment, la veille du premier jour de l’année lunaire, à l’occasion de la célébration du millième anniversaire de la fondation de la capitale du Vietnam, il s’est adressé à son pays pour lui proposer un projet de restauration morale de grande envergure. Dans le cas où le pouvoir exécutif et législatif ne consentirait pas à mettre en œuvre ce projet, souligne-t-il en conclusion, alors la population devrait elle-même le réaliser en s’appuyant sur le bouddhisme et les autres traditions religieuses du pays. Il s’agit d’un vaste programme de réformes, d’inspiration bouddhiste, en douze points, qui concernent l’ensemble de la vie sociale, politique, culturelle et, bien sûr, religieuse de la population (3).
Thang Long, aujourd’hui connue sous le nom de Hanoi, fut fondée il y a 1 000 ans par Ly Thai Tho, premier roi de la dynastie des Ly, monté sur le trône après avoir été un moine bouddhiste. Le projet de réforme du fondateur du Village des pruniers se réfère à lui, plus particulièrement à son maître, le vénérable Van Hanh, et à l’éthique bouddhiste diffusée et pratiquée dans le pays à l’époque. Thich Nhât Hanh décrit le début du règne de cette dynastie des Ly (1010-1225) comme une période idyllique où se pratiquèrent les vertus fondamentales du peuple vietnamien.
Ce retour à l’éthique ancestrale ne pourra être réalisé que par un renouveau de l’enseignement de la morale. La plus grande part des douze propositions lui est consacrée. Le deuxième point du programme de restauration morale propose le rétablissement d’une heure obligatoire de morale et d’instruction civique par semaine à tous les niveaux de l’enseignement, avec une formation des maîtres en ce domaine. Le religieux place au sommet de ce programme d’enseignement éthique une université qui serait appelée « Van Hanh » et serait installée dans la capitale et dans d’autres villes du pays. Une troisième proposition suggère que soit rédigée et mise en œuvre une charte nationale de l’éthique, qui serait élaborée grâce à la collaboration des diverses traditions religieuses du Vietnam. En outre – il s’agit là de la quatrième proposition –, chaque village serait doté d’un « conseil éthique », composé de personnalités comme les prêtres catholiques, les pasteurs protestants, les bonzes, etc. Cet organisme serait chargé de rappeler les impératifs moraux à la communauté. Ces nouvelles fondations morales du peuple vietnamien devraient le protéger contre les diverses fléaux sociaux qui bouleversent la société et les familles, comme les divorces, les suicides, la drogue, la prostitution, la corruption, les abus de pouvoir.
D’autres mesures préconisées par le programme moral du religieux concernent la vie politique du pays. Il est demandé par exemple qu’une amnistie générale soit accordée à tous les prisonniers de conscience, les opposants démocratiques, les exilés, etc. Le programme aborde aussi les questions écologiques en proposant des réformes d’ordre pratique à ce sujet. Le religieux suggère également l’organisation de sessions d’ordre spirituel, destinées à chasser la violence de la société vietnamienne.
Ce n’est pas la première fois que le vénérable Thich Nhât Hanh propose des réformes politiques aux dirigeants vietnamiens. En 2007, lors de sa deuxième visite au Vietnam, à l’occasion d’une rencontre avec le Premier ministre, il lui avait suggéré plusieurs réformes, parmi lesquelles la suppression de la police spécialisée dans les affaires religieuses. Il avait aussi plaidé pour la disparition du bureau des affaires religieuses.
Depuis sa dispersion hors du monastère de Phuoc Juê aux derniers jours de l’année 2009, un silence presque complet entoure le sort des membres de la communauté de Bat Nha. Cependant, une brève nouvelle mise en ligne sur le site du village des premiers laisse entendre que « un nombre conséquent de moines et de moniales ont trouvé refuge en Thaïlande ».
(1) Voir EDA 521
(2) Voir le texte intégral publié dans 523 (‘Pour approfondir - Vietnam’)
(3) Le texte a paru en anglais sur le site Internet du « Village des pruniers ».
Eglises d’Asie, 19 février 2010 – Dans les derniers jours de l’année 2009, le fondateur de l’école bouddhique du « Village des pruniers », le vénérable Thich Nhât Hanh, avait vu les autorités locales démanteler et disperser la communauté fondée par lui au monastère de Bat Nha, dans le centre du Vietnam (1). Dans un premier texte, il avait patiemment dégagé la signification spirituelle des événements ayant conduit à la dispersion de ses disciples (2), comme l’on déchiffre l’énigme d’un « koan » du bouddhisme zen. Tout récemment, la veille du premier jour de l’année lunaire, à l’occasion de la célébration du millième anniversaire de la fondation de la capitale du Vietnam, il s’est adressé à son pays pour lui proposer un projet de restauration morale de grande envergure. Dans le cas où le pouvoir exécutif et législatif ne consentirait pas à mettre en œuvre ce projet, souligne-t-il en conclusion, alors la population devrait elle-même le réaliser en s’appuyant sur le bouddhisme et les autres traditions religieuses du pays. Il s’agit d’un vaste programme de réformes, d’inspiration bouddhiste, en douze points, qui concernent l’ensemble de la vie sociale, politique, culturelle et, bien sûr, religieuse de la population (3).
Thang Long, aujourd’hui connue sous le nom de Hanoi, fut fondée il y a 1 000 ans par Ly Thai Tho, premier roi de la dynastie des Ly, monté sur le trône après avoir été un moine bouddhiste. Le projet de réforme du fondateur du Village des pruniers se réfère à lui, plus particulièrement à son maître, le vénérable Van Hanh, et à l’éthique bouddhiste diffusée et pratiquée dans le pays à l’époque. Thich Nhât Hanh décrit le début du règne de cette dynastie des Ly (1010-1225) comme une période idyllique où se pratiquèrent les vertus fondamentales du peuple vietnamien.
Ce retour à l’éthique ancestrale ne pourra être réalisé que par un renouveau de l’enseignement de la morale. La plus grande part des douze propositions lui est consacrée. Le deuxième point du programme de restauration morale propose le rétablissement d’une heure obligatoire de morale et d’instruction civique par semaine à tous les niveaux de l’enseignement, avec une formation des maîtres en ce domaine. Le religieux place au sommet de ce programme d’enseignement éthique une université qui serait appelée « Van Hanh » et serait installée dans la capitale et dans d’autres villes du pays. Une troisième proposition suggère que soit rédigée et mise en œuvre une charte nationale de l’éthique, qui serait élaborée grâce à la collaboration des diverses traditions religieuses du Vietnam. En outre – il s’agit là de la quatrième proposition –, chaque village serait doté d’un « conseil éthique », composé de personnalités comme les prêtres catholiques, les pasteurs protestants, les bonzes, etc. Cet organisme serait chargé de rappeler les impératifs moraux à la communauté. Ces nouvelles fondations morales du peuple vietnamien devraient le protéger contre les diverses fléaux sociaux qui bouleversent la société et les familles, comme les divorces, les suicides, la drogue, la prostitution, la corruption, les abus de pouvoir.
D’autres mesures préconisées par le programme moral du religieux concernent la vie politique du pays. Il est demandé par exemple qu’une amnistie générale soit accordée à tous les prisonniers de conscience, les opposants démocratiques, les exilés, etc. Le programme aborde aussi les questions écologiques en proposant des réformes d’ordre pratique à ce sujet. Le religieux suggère également l’organisation de sessions d’ordre spirituel, destinées à chasser la violence de la société vietnamienne.
Ce n’est pas la première fois que le vénérable Thich Nhât Hanh propose des réformes politiques aux dirigeants vietnamiens. En 2007, lors de sa deuxième visite au Vietnam, à l’occasion d’une rencontre avec le Premier ministre, il lui avait suggéré plusieurs réformes, parmi lesquelles la suppression de la police spécialisée dans les affaires religieuses. Il avait aussi plaidé pour la disparition du bureau des affaires religieuses.
Depuis sa dispersion hors du monastère de Phuoc Juê aux derniers jours de l’année 2009, un silence presque complet entoure le sort des membres de la communauté de Bat Nha. Cependant, une brève nouvelle mise en ligne sur le site du village des premiers laisse entendre que « un nombre conséquent de moines et de moniales ont trouvé refuge en Thaïlande ».
(1) Voir EDA 521
(2) Voir le texte intégral publié dans 523 (‘Pour approfondir - Vietnam’)
(3) Le texte a paru en anglais sur le site Internet du « Village des pruniers ».