Le 1er juin dernier, le gouvernement fédéral a annoncé que les forces paramilitaires déployées dans le district de Kandhamal, en Orissa, pour mettre fin aux violences antichrétiennes seront retirées de la région d’ici trente jours. Immédiatement, cette annonce a amené l’Eglise catholique à réagir, en avertissant que la situation sur le terrain n’autorisait pas un tel retrait, les communautés chrétiennes vivant toujours dans la crainte d’attaques dirigées contre elles par les extrémistes hindous. « La situation reste très tendue et un retrait des forces fédérales ne fera que semer la panique parmi les populations », a déclaré le P. Ajay Singh, directeur de l’action sociale pour l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, diocèse où se trouve le district de Kandhamal.
Le déploiement de forces fédérales, les Central Reserve Police Forces, avait été ordonné quinze jours après le déclenchement de graves émeutes antichrétiennes, le 24 août 2008. Durant près de quatre mois, des extrémistes hindous avaient fait régner la terreur dans la région de Kandhamal, faisant 90 morts et chassant 50 000 personnes de leurs maisons, en très grande majorité des chrétiens (1). Depuis, si un semblant de calme avait été rétabli, notamment du fait de l’intervention des forces paramilitaires fédérales, la situation était loin d’être revenue à la normale. Plusieurs milliers de personnes vivent encore dans des camps de déplacés, souligne le P. Singh, et elles répugnent à repartir dans leurs villages par crainte de nouvelles attaques. « Les gens souffrent encore aujourd’hui. Ils n’ont pas oublié les violences qu’ils ont subies et l’assassinat de leurs proches », explique-t-il.
Pour preuve de la réalité des menaces qui pèsent encore sur les chrétiens de cette région, le prêtre catholique cite l’incident qui s’est produit le 31 mai, dans les environs de Raikia, au Kandhamal. La veille de l’annonce du retrait des forces fédérales, des extrémistes hindous ont attaqués cinq maisons où habitaient des chrétiens, incendiant trois d’entre elles. L’attaque a eu lieu à moins de 3 km d’un casernement de forces fédérales et s’est produite peu après que des hommes politiques de la mouvance hindouiste eurent visités l’endroit.
« Cette attaque indique que rien n’est encore réglé », commente le P. Singh. De plus, les hindouistes qui se sont rendus coupables de crimes et de délits contre les chrétiens et leurs biens n’ont pas été inquiétés; ils circulent librement, augmentant d’autant les craintes des chrétiens. « Dans un tel contexte, le retrait des forces fédérales n’est pas une bonne décision et les chrétiens ne peuvent pas faire confiance aux forces locales de police, qui font preuve de partialité », conclut le prêtre.
Les élections législatives qui viennent d’avoir lieu dans le pays pourraient toutefois contribuer à changer la donne, expliquent d’autres prêtres de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar. En effet, dans l’Etat d’Orissa, c’est un parti régional qui est sorti vainqueur des urnes. Dans la Chambre sortante, ce parti, le Biju Janata Dal, détenait déjà le pouvoir, mais en coalition avec le Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party, BJP), la vitrine politique des extrémistes hindous. Ce dernier a essuyé une sévère défaite en ne réussissant pas à envoyer un seul député pour l’Orissa à la Chambre du peuple (Lok Sabha) à New Delhi. Lors de la campagne électorale, le Biju Janata Dal avait pris soin de se démarquer du BJP, en défendant un programme nettement laïc (2). Désormais majoritaire au Parlement de l’Orissa, le Biju Janata Dal saura se montrer soucieux de la sécurité des minorités, veut croire le P. Joseph Kalathil, vicaire général de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, même s’il est évident que les chrétiens ne se contenteront pas de paroles et continueront de craindre des attaques de la part des hindouistes.
Le P. Mritunjay Diggal, secrétaire de l’archevêque, précise que le gouvernement de l’Etat a affirmé aux responsables de l’Eglise que la sécurité des chrétiens sera assurée. Il ajoute que les forces fédérales n’ont pas vocation à rester indéfiniment sur place et qu’il appartient au gouvernement local de faire en sorte que la police locale prenne « peu à peu la responsabilité de l’ordre public et de la défense des gens ». Selon la presse locale, le gouverneur de l’Etat a toutefois demandé au ministre fédéral de l’Intérieur de laisser sur place, en Orissa, un millier d’hommes des Central Reserve Police Forces.
(1) Voir EDA 490, 491, 505
(2) Voir EDA 506
(Source: Eglises d'Asie, 4 juin 2009)
Le déploiement de forces fédérales, les Central Reserve Police Forces, avait été ordonné quinze jours après le déclenchement de graves émeutes antichrétiennes, le 24 août 2008. Durant près de quatre mois, des extrémistes hindous avaient fait régner la terreur dans la région de Kandhamal, faisant 90 morts et chassant 50 000 personnes de leurs maisons, en très grande majorité des chrétiens (1). Depuis, si un semblant de calme avait été rétabli, notamment du fait de l’intervention des forces paramilitaires fédérales, la situation était loin d’être revenue à la normale. Plusieurs milliers de personnes vivent encore dans des camps de déplacés, souligne le P. Singh, et elles répugnent à repartir dans leurs villages par crainte de nouvelles attaques. « Les gens souffrent encore aujourd’hui. Ils n’ont pas oublié les violences qu’ils ont subies et l’assassinat de leurs proches », explique-t-il.
Pour preuve de la réalité des menaces qui pèsent encore sur les chrétiens de cette région, le prêtre catholique cite l’incident qui s’est produit le 31 mai, dans les environs de Raikia, au Kandhamal. La veille de l’annonce du retrait des forces fédérales, des extrémistes hindous ont attaqués cinq maisons où habitaient des chrétiens, incendiant trois d’entre elles. L’attaque a eu lieu à moins de 3 km d’un casernement de forces fédérales et s’est produite peu après que des hommes politiques de la mouvance hindouiste eurent visités l’endroit.
« Cette attaque indique que rien n’est encore réglé », commente le P. Singh. De plus, les hindouistes qui se sont rendus coupables de crimes et de délits contre les chrétiens et leurs biens n’ont pas été inquiétés; ils circulent librement, augmentant d’autant les craintes des chrétiens. « Dans un tel contexte, le retrait des forces fédérales n’est pas une bonne décision et les chrétiens ne peuvent pas faire confiance aux forces locales de police, qui font preuve de partialité », conclut le prêtre.
Les élections législatives qui viennent d’avoir lieu dans le pays pourraient toutefois contribuer à changer la donne, expliquent d’autres prêtres de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar. En effet, dans l’Etat d’Orissa, c’est un parti régional qui est sorti vainqueur des urnes. Dans la Chambre sortante, ce parti, le Biju Janata Dal, détenait déjà le pouvoir, mais en coalition avec le Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party, BJP), la vitrine politique des extrémistes hindous. Ce dernier a essuyé une sévère défaite en ne réussissant pas à envoyer un seul député pour l’Orissa à la Chambre du peuple (Lok Sabha) à New Delhi. Lors de la campagne électorale, le Biju Janata Dal avait pris soin de se démarquer du BJP, en défendant un programme nettement laïc (2). Désormais majoritaire au Parlement de l’Orissa, le Biju Janata Dal saura se montrer soucieux de la sécurité des minorités, veut croire le P. Joseph Kalathil, vicaire général de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, même s’il est évident que les chrétiens ne se contenteront pas de paroles et continueront de craindre des attaques de la part des hindouistes.
Le P. Mritunjay Diggal, secrétaire de l’archevêque, précise que le gouvernement de l’Etat a affirmé aux responsables de l’Eglise que la sécurité des chrétiens sera assurée. Il ajoute que les forces fédérales n’ont pas vocation à rester indéfiniment sur place et qu’il appartient au gouvernement local de faire en sorte que la police locale prenne « peu à peu la responsabilité de l’ordre public et de la défense des gens ». Selon la presse locale, le gouverneur de l’Etat a toutefois demandé au ministre fédéral de l’Intérieur de laisser sur place, en Orissa, un millier d’hommes des Central Reserve Police Forces.
(1) Voir EDA 490, 491, 505
(2) Voir EDA 506
(Source: Eglises d'Asie, 4 juin 2009)