Eglises d’Asie, 17 mars 2010 – Les éclaircissements apportés par le P. Thaddée Nguyên Van Ly lui-même après son arrivée à l’archevêché de Huê, le 15 mars 2010 peu après 17 heures, ne laissent désormais aucun doute sur la nature et les circonstances de sa sortie de la prison de Ba Sao, où il purgeait une peine de huit ans de prison. Dans la soirée du 15 mars, il a répondu longuement aux questions posées par plusieurs médias internationaux (Radio France International - émissions en vietnamien), Radio Free Asia (RFA) et Voice of America (VOA). Lors de ces entretiens, il a affirmé avec une grande clarté qu’il ne s’agissait pas là d’une véritable libération. Sa peine de huit ans de prison n’a pas été suspendue définitivement, mais son application a été provisoirement interrompue pour une période d’un an, le temps de traiter le mal dont il souffre dans des conditions plus favorables. Les réponses du prêtre aux journalistes montrent encore que si les trois années de prison ont détérioré sa santé, elles n’ont pas entamé ses convictions.
Aux questions portant sur les circonstances de son retour à Huê, il a répondu: « Je n’ai été informé de la décision (des autorités) de me ramener ici aujourd’hui que dans l’après-midi d’hier. Le processus qui a conduit à ce transfert a commencé quinze jours après mon séjour à l’hôpital de Hanoi après ma troisième attaque. Elles (les autorités) ont parlé de ce projet à ma famille. Personnellement, je n’en ai été informé que hier après-midi. Cette décision s’est appuyée sur la proposition de ma famille. Elle n’a rien à voir avec l’accomplissement de ma peine de prison. Ma famille a seulement tenu compte du fait que j’étais dangereusement malade. Elle a proposé de me ramener à la « maison commune » (l’archevêché) de Huê pour y trouver des conditions favorables à mon traitement médical. » Le prêtre a expliqué ensuite qu’il n’était pas d’accord avec la proposition de sa famille. Il aurait préféré continuer de purger sans interruption les cinq dernières années de prison, tout en se soumettant au traitement des services médicaux de la prison. Car, a-t-il ajouté, la peine de prison n’a pas été suspendue définitivement mais seulement interrompue pour 12 mois.
Cette présentation des faits a été confirmée par une information venant de Huê (1), qui précise que cette décision a été prise par le Tribunal populaire de la province de Ha Nam (où est situé le centre d’internement de Ba Sao), le 15 mars 2010. Elle porte le numéro: 07/ 2010/OD-CA et est intitulée: « Décision de suspension provisoire de l’application de la peine de prison ».
Dans l’entretien de la soirée du 15 mars, le prêtre a également souligné qu’il n’avait jamais accepté la validité et la légitimité de la sentence portée contre lui au mois de mars 2007, lors de son procès à Huê, une sentence qui n’a été ni juste ni conforme au droit international. Sur tous les formulaires qu’il a dû remplir, il a toujours remplacé le mot « délinquant » (pham nhân) par « prisonnier de conscience ». Le prêtre a souligné que Karl Marx, à Londres, avait pu écrire le Manifeste du parti communiste et Le Capital sans être arrêté. Hô Chi Minh et ses compagnons ont pu militer à Paris, et publier le procès du colonialisme dans les colonnes du Paria sans être inquiétés par la police. A la période colonialiste au Vietnam, et même à l’époque de la République du Sud-Vietnam, divers journaux de tendance nationaliste et anticolonialiste, proche du Parti, ont eu la permission de paraître. Aujourd’hui, conclut le prêtre, le Vietnam est revenu 100 ans en arrière. Les mêmes activités sont punies de prison, comme le montre son exemple. Mais, a-t-il ajouté dans une autre interview, la prison est le prix à payer pour le militantisme. Pour le moment, le prêtre n’a pas de projet précis pour son avenir immédiat, sinon se soigner et observer une société dont il a été éloigné pendant trois années.
Le prêtre a également fait le point sur l’état de sa santé, cause principale de l’interruption momentanée de sa détention. Depuis le mois de mai 2009, il a été affecté par trois accidents vasculaires successifs, de plus en plus graves. La troisième fois, au mois de novembre 2009, il a été soigné à l’hôpital de la Sécurité à Hanoi. A l’heure actuelle, il n’a pas l’usage de sa jambe droite et ne se déplace qu’à l’aide d’un déambulatoire ou en fauteuil roulant. Son bras droit n’est pas tout à fait paralysé et peut encore accomplir certains mouvements.
Les réactions à cette libération provisoire du célèbre prêtre dissident ont été de très nombreuses. Les commentaires se sont multipliés sur les divers sites et blogs tenus par des Vietnamiens du pays ou de la diaspora. On a noté particulièrement la déclaration d’un important responsable de l’USCIRF (Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde). Il s’est réjoui de l’événement et y a vu une conséquence de l’action de son gouvernement en faveur des droits de l’homme.
(1) L’organe de presse du groupe 8406 a diffusé par e-mail la photocopie de cette décision du tribunal de Ha Nam.
(Source: Eglises d'Asie, 17 mars 2010)
Aux questions portant sur les circonstances de son retour à Huê, il a répondu: « Je n’ai été informé de la décision (des autorités) de me ramener ici aujourd’hui que dans l’après-midi d’hier. Le processus qui a conduit à ce transfert a commencé quinze jours après mon séjour à l’hôpital de Hanoi après ma troisième attaque. Elles (les autorités) ont parlé de ce projet à ma famille. Personnellement, je n’en ai été informé que hier après-midi. Cette décision s’est appuyée sur la proposition de ma famille. Elle n’a rien à voir avec l’accomplissement de ma peine de prison. Ma famille a seulement tenu compte du fait que j’étais dangereusement malade. Elle a proposé de me ramener à la « maison commune » (l’archevêché) de Huê pour y trouver des conditions favorables à mon traitement médical. » Le prêtre a expliqué ensuite qu’il n’était pas d’accord avec la proposition de sa famille. Il aurait préféré continuer de purger sans interruption les cinq dernières années de prison, tout en se soumettant au traitement des services médicaux de la prison. Car, a-t-il ajouté, la peine de prison n’a pas été suspendue définitivement mais seulement interrompue pour 12 mois.
Cette présentation des faits a été confirmée par une information venant de Huê (1), qui précise que cette décision a été prise par le Tribunal populaire de la province de Ha Nam (où est situé le centre d’internement de Ba Sao), le 15 mars 2010. Elle porte le numéro: 07/ 2010/OD-CA et est intitulée: « Décision de suspension provisoire de l’application de la peine de prison ».
Dans l’entretien de la soirée du 15 mars, le prêtre a également souligné qu’il n’avait jamais accepté la validité et la légitimité de la sentence portée contre lui au mois de mars 2007, lors de son procès à Huê, une sentence qui n’a été ni juste ni conforme au droit international. Sur tous les formulaires qu’il a dû remplir, il a toujours remplacé le mot « délinquant » (pham nhân) par « prisonnier de conscience ». Le prêtre a souligné que Karl Marx, à Londres, avait pu écrire le Manifeste du parti communiste et Le Capital sans être arrêté. Hô Chi Minh et ses compagnons ont pu militer à Paris, et publier le procès du colonialisme dans les colonnes du Paria sans être inquiétés par la police. A la période colonialiste au Vietnam, et même à l’époque de la République du Sud-Vietnam, divers journaux de tendance nationaliste et anticolonialiste, proche du Parti, ont eu la permission de paraître. Aujourd’hui, conclut le prêtre, le Vietnam est revenu 100 ans en arrière. Les mêmes activités sont punies de prison, comme le montre son exemple. Mais, a-t-il ajouté dans une autre interview, la prison est le prix à payer pour le militantisme. Pour le moment, le prêtre n’a pas de projet précis pour son avenir immédiat, sinon se soigner et observer une société dont il a été éloigné pendant trois années.
Le prêtre a également fait le point sur l’état de sa santé, cause principale de l’interruption momentanée de sa détention. Depuis le mois de mai 2009, il a été affecté par trois accidents vasculaires successifs, de plus en plus graves. La troisième fois, au mois de novembre 2009, il a été soigné à l’hôpital de la Sécurité à Hanoi. A l’heure actuelle, il n’a pas l’usage de sa jambe droite et ne se déplace qu’à l’aide d’un déambulatoire ou en fauteuil roulant. Son bras droit n’est pas tout à fait paralysé et peut encore accomplir certains mouvements.
Les réactions à cette libération provisoire du célèbre prêtre dissident ont été de très nombreuses. Les commentaires se sont multipliés sur les divers sites et blogs tenus par des Vietnamiens du pays ou de la diaspora. On a noté particulièrement la déclaration d’un important responsable de l’USCIRF (Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde). Il s’est réjoui de l’événement et y a vu une conséquence de l’action de son gouvernement en faveur des droits de l’homme.
(1) L’organe de presse du groupe 8406 a diffusé par e-mail la photocopie de cette décision du tribunal de Ha Nam.
(Source: Eglises d'Asie, 17 mars 2010)