Depuis le début de l’année, six chrétiens ont été assassinés en Orissa. Pour le Global Council of Indian Christians (GCIC), la raison de cette reprise des violences est à rechercher dans l’impunité dont ont bénéficiés les auteurs des pogroms de 2008.
Les deux dernières victimes de cette série noire sont Suryakant Nayak, un protestant assassiné alors qu’il rentrait dans son village de Bakingia dans le district du Kandhamal après avoir fait des courses, et Goresa Mallick, un catholique, égorgé « pour sorcellerie » à Salimagocha dans le district de Ganjam. Depuis le début de l’année, le GCIC, une organisation de défense des chrétiens en Inde, a recensé six assassinats de chrétiens par des hindouistes ou des personnes encore non identifiées. « Il est effrayant de constater que le gouvernement ne semble pas s’intéresser à ces meurtres de chrétiens en Orissa et que la police renâcle à mener les enquêtes, quand elle ne les bâcle pas », s’est indigné Sajan George, président du GCIC auprès de l’agence AsiaNews.
L’inaction des autorités est particulièrement flagrante dans le cas de Suryakant Nayak, un journalier qui avait été porté disparu le 2 mars dernier. Après avoir retiré de l’argent dans la ville de Raikia, Suryakant, qui fréquentait l’Eglise de l’Inde du Nord (1), était parti faire des courses avec sa mère et ses trois filles, âgées de 5 à 9 ans. Sur le chemin du retour, il s’était arrêté pour prendre un verre, tout près de son domicile, laissant sa famille le précéder. Son corps a été retrouvé quatre jours plus tard dans un puits près de Raikia, couvert d’ecchymoses, les mains et les poignets brisés, le visage tuméfié. Mais, malgré ces traces de violences évidentes, la police n’a toujours pas ouvert d’enquête pour meurtre.
Le 3 mars, Goresa Mallick, un catholique âgé de 50 ans, avait participé à une réunion avec une quinzaine d’habitants d’un village hindou voisin. Selon la reconstitution des faits par la police, le groupe a pris à partie Mallick peu après qu’ils soient repartis ensemble, lui a tranché la gorge et a ensuite brûlé le corps dans la forêt. Ce n’est que le jour suivant que ses proches retrouvèrent ses restes. Lorsque les meurtriers présumés ont été arrêtés par la police, ils ont justifié leur acte en accusant la victime de pratiquer la sorcellerie. Goresa Mallick s’était converti au christianisme cinq mois plus tôt. La famille de la victime, dont son épouse et ses trois enfants, a formellement nié les accusations de sorcellerie, lesquelles ont cependant été retenues comme mobile du crime par les enquêteurs.
Auprès de l’agence Fides, le P. Jeebanta Nayak a condamné l’assassinat du catholique, qu’il connaissait en tant que nouveau converti, affirmant qu’il n’avait jamais pratiqué la sorcellerie. Ceux qui l’ont tué, a expliqué le prêtre, « sont analphabètes et ont des croyances superstitieuses très fortes ». Ces dernières, rappelle-t-il, ont été à l’origine d’autres meurtres par le passé, également sur la base de fausses accusations de sorcellerie. Selon le P. Nayak, les extrémistes hindous ne sont pas impliqués dans cette affaire qu’il estime est liée davantage à l’ignorance et à la superstition.
Pour Sajan George, il reste cependant certain que « la forte proportion d’acquittements et le faible taux de mise en accusation pour les massacres de 2008, ont encouragé les extrémistes hindous (…), lesquels ont constaté qu’ils bénéficiaient d’une totale impunité et se sont donc sentis autorisés à continuer de menacer et de persécuter la minorité chrétienne ».
Les tensions sont loin d’avoir disparu en Orissa où il y a un peu plus de trois ans les violences antichrétiennes perpétrées par les hindouistes ont fait plus d’une centaine de morts, près de 55 000 personnes déplacées, des milliers de maisons, de lieux de culte et d’institutions détruits. Aujourd’hui, malgré les promesses des autorités locales et la pression de la communauté internationale, les chrétiens attendent toujours dans l’insécurité que justice leur soit rendue.
C’est au Kandhamal, qui fut l’épicentre des violences de 2008, que la situation reste à l’heure actuelle la plus préoccupante pour les quelque chrétiens qui sont retournés dans leurs villages d’origine malgré les menaces des hindouistes. Dans ce district où vient d’être assassiné Nayak Suryakant, les responsables de massacres de 2008 continuent de faire régner un climat de terreur, sous le regard indifférent de la police et des autorités locales. Dans le village de Bakingia, où vivait la victime avec sa famille, les attaques des hindouistes contre les chrétiens n’ont jamais cessé.
(1) L’Eglise de l’Inde du Nord (Church of North India, CNI) a été créée en 1970 à partir d’un regroupement de différentes dénominations protestantes, dont des baptistes, des anglicans et des méthodistes. Elle comprend aujourd’hui environ 3 000 communautés, rassemblées en une vingtaine de diocèses.
(Source: Eglises d'Asie, 14 mars 2012)
Les deux dernières victimes de cette série noire sont Suryakant Nayak, un protestant assassiné alors qu’il rentrait dans son village de Bakingia dans le district du Kandhamal après avoir fait des courses, et Goresa Mallick, un catholique, égorgé « pour sorcellerie » à Salimagocha dans le district de Ganjam. Depuis le début de l’année, le GCIC, une organisation de défense des chrétiens en Inde, a recensé six assassinats de chrétiens par des hindouistes ou des personnes encore non identifiées. « Il est effrayant de constater que le gouvernement ne semble pas s’intéresser à ces meurtres de chrétiens en Orissa et que la police renâcle à mener les enquêtes, quand elle ne les bâcle pas », s’est indigné Sajan George, président du GCIC auprès de l’agence AsiaNews.
L’inaction des autorités est particulièrement flagrante dans le cas de Suryakant Nayak, un journalier qui avait été porté disparu le 2 mars dernier. Après avoir retiré de l’argent dans la ville de Raikia, Suryakant, qui fréquentait l’Eglise de l’Inde du Nord (1), était parti faire des courses avec sa mère et ses trois filles, âgées de 5 à 9 ans. Sur le chemin du retour, il s’était arrêté pour prendre un verre, tout près de son domicile, laissant sa famille le précéder. Son corps a été retrouvé quatre jours plus tard dans un puits près de Raikia, couvert d’ecchymoses, les mains et les poignets brisés, le visage tuméfié. Mais, malgré ces traces de violences évidentes, la police n’a toujours pas ouvert d’enquête pour meurtre.
Le 3 mars, Goresa Mallick, un catholique âgé de 50 ans, avait participé à une réunion avec une quinzaine d’habitants d’un village hindou voisin. Selon la reconstitution des faits par la police, le groupe a pris à partie Mallick peu après qu’ils soient repartis ensemble, lui a tranché la gorge et a ensuite brûlé le corps dans la forêt. Ce n’est que le jour suivant que ses proches retrouvèrent ses restes. Lorsque les meurtriers présumés ont été arrêtés par la police, ils ont justifié leur acte en accusant la victime de pratiquer la sorcellerie. Goresa Mallick s’était converti au christianisme cinq mois plus tôt. La famille de la victime, dont son épouse et ses trois enfants, a formellement nié les accusations de sorcellerie, lesquelles ont cependant été retenues comme mobile du crime par les enquêteurs.
Auprès de l’agence Fides, le P. Jeebanta Nayak a condamné l’assassinat du catholique, qu’il connaissait en tant que nouveau converti, affirmant qu’il n’avait jamais pratiqué la sorcellerie. Ceux qui l’ont tué, a expliqué le prêtre, « sont analphabètes et ont des croyances superstitieuses très fortes ». Ces dernières, rappelle-t-il, ont été à l’origine d’autres meurtres par le passé, également sur la base de fausses accusations de sorcellerie. Selon le P. Nayak, les extrémistes hindous ne sont pas impliqués dans cette affaire qu’il estime est liée davantage à l’ignorance et à la superstition.
Pour Sajan George, il reste cependant certain que « la forte proportion d’acquittements et le faible taux de mise en accusation pour les massacres de 2008, ont encouragé les extrémistes hindous (…), lesquels ont constaté qu’ils bénéficiaient d’une totale impunité et se sont donc sentis autorisés à continuer de menacer et de persécuter la minorité chrétienne ».
Les tensions sont loin d’avoir disparu en Orissa où il y a un peu plus de trois ans les violences antichrétiennes perpétrées par les hindouistes ont fait plus d’une centaine de morts, près de 55 000 personnes déplacées, des milliers de maisons, de lieux de culte et d’institutions détruits. Aujourd’hui, malgré les promesses des autorités locales et la pression de la communauté internationale, les chrétiens attendent toujours dans l’insécurité que justice leur soit rendue.
C’est au Kandhamal, qui fut l’épicentre des violences de 2008, que la situation reste à l’heure actuelle la plus préoccupante pour les quelque chrétiens qui sont retournés dans leurs villages d’origine malgré les menaces des hindouistes. Dans ce district où vient d’être assassiné Nayak Suryakant, les responsables de massacres de 2008 continuent de faire régner un climat de terreur, sous le regard indifférent de la police et des autorités locales. Dans le village de Bakingia, où vivait la victime avec sa famille, les attaques des hindouistes contre les chrétiens n’ont jamais cessé.
(1) L’Eglise de l’Inde du Nord (Church of North India, CNI) a été créée en 1970 à partir d’un regroupement de différentes dénominations protestantes, dont des baptistes, des anglicans et des méthodistes. Elle comprend aujourd’hui environ 3 000 communautés, rassemblées en une vingtaine de diocèses.
(Source: Eglises d'Asie, 14 mars 2012)