COREE DU SUD: Les bouddhistes qualifient de « préoccupant » leur conflit avec les protestants et accusent le gouvernement de favoriser ces derniers à leurs dépens
De juillet à septembre 2009, l’Institut de recherche en études bouddhiques, dirigé par l’Ordre Jogye (Ordre Chogye), la plus importante organisation bouddhique de Corée du Sud, a mené une enquête auprès d’un millier de moines et de nonnes bouddhistes. Il vient d’en publier les résultats, le 19 octobre dernier. A la lumière de ce sondage, il apparaît que 81 % des religieux bouddhistes qualifient de « préoccupantes » les tensions religieuses en Corée du Sud et que 74 % les attribuent principalement au conflit avec les protestants. Ils sont nombreux, en outre, à souligner que le protestantisme est devenu la religion la plus influente du pays, avant le catholicisme et même le bouddhisme, rejoignant ainsi une partie de l’opinion publique sud-coréenne qui accuse le gouvernement de favoriser l’expansion du protestantisme – et plus particulièrement celle des Eglises évangéliques – au détriment du bouddhisme, perçu comme la religion traditionnelle du pays.
Ce contentieux remonte déjà à quelques années, période au cours de laquelle se sont accumulées les provocations des protestants envers les bouddhistes. L’une d’elles avait impliqué en 2006 Lee Myung-bak, protestant convaincu, alors maire de Séoul et candidat à la présidence de la République, qui apparaissait dans un message de félicitation diffusé en vidéo à l’occasion d’un important meeting évangélique à Busan (Pusan). Lors de ce rassemblement, la foule avait prié pour que « tous les temples bouddhistes soient détruits ». Fortement embarrassé, le président avait par la suite présenté ses excuses à la communauté bouddhiste, assurant qu’il n’avait pas été prévenu (1).
Depuis l’élection en décembre 2007 du président Lee Myung-bak, le clergé bouddhiste n’a eu de cesse de dénoncer une politique qu’il juge discriminatoire envers sa communauté. En août 2008, près de 200 000 bouddhistes, dont un très grand nombre de religieux, ont ainsi défilé dans les rues de Séoul, demandant au président de la République des excuses publiques ainsi que la démission de certains membres de son gouvernement. Les manifestants reprochaient particulièrement au gouvernement le fait que le chef de l’Ordre Jogye, le Vénérable Jikwan, avait été l’objet, selon eux, d’un harcèlement policier après avoir accueilli dans l’enceinte de son temple des opposants au président Lee. A cette affaire considérée comme une « grave humiliation » envers l’un des plus importants chefs religieux du bouddhisme, s’était greffé un incident à propos des plans de la capitale fournis par le service gouvernemental des transports, qui signalaient bon nombre de petites églises protestantes mais omettaient d’importants temples bouddhiques, dont celui de l’Ordre Jogye (2).
« Avec l’expression des regrets du gouvernement et sa promesse que de tels incidents ne se reproduiraient plus, le conflit entre le gouvernement et le bouddhisme s’est apaisé. Mais le clergé bouddhiste continue de se méfier des membres du gouvernement », explique à l’agence Ucanews (3), Seo Jae-yeong, chercheur à l’Institut de recherche en études bouddhiques.
Interrogées sur les causes des problèmes touchant le bouddhisme en Corée du Sud, 23,7 % des personnes sondées répondent par la discrimination exercée par le gouvernement, mais 50,1 % avancent qu’il s’agit plutôt d’un manque de confiance de la population envers la religion. Le peu de crédibilité dont souffrent certaines religions en Corée avait déjà été souligné lors d’une enquête publiée en novembre 2008, dans laquelle 15,7 % des personnes interrogées affirmaient que l’on ne pouvait compter sur aucune religion et 31 % seulement reconnaissaient accorder leur confiance au bouddhisme (pour 18 % qui optaient pour le protestantisme (toutes mouvances confondues), le catholicisme ralliant 35,2 % des suffrages) (4).
Certaines réponses au questionnaire de l’Institut d’octobre 2009 révèlent également la nature très différente des relations entre les bouddhistes et les catholiques, au regard des relations entre les bouddhistes et les protestants. Lorsqu’il est demandé aux moines et nonnes bouddhistes pour quel responsable d’une autre religion ils éprouvent le plus de considération, bon nombre d’entre eux citent des personnalités catholiques, telles Mère Teresa ou le cardinal Kim, lequel était connu pour entretenir des rapports aussi étroits que respectueux avec les représentants du bouddhisme (5). A la même question concernant le responsable bouddhiste pour lequel ils éprouvent le plus d’admiration, les religieux choisissent, dans leur très grande majorité, le Vénérable Wonhyo (617-686), qui a joué un rôle-clé dans le développement du bouddhisme en Corée.
Selon le recensement de 2005, la Corée du Sud compte, avec une population de plus de 47 millions d’habitants, près de 23 % de bouddhistes, 18,3 % de protestants et 10,9 % de catholiques (5 millions de fidèles). Environ 40 % des Sud-Coréens se déclarent sans religion.
(1) Voir EDA 513
(2) Voir EDA 490
(3) Ucanews, 22 octobre 2009
(4) Voir EDA 497
(5) Le cardinal Stephen Kim Sou-hwan, ancien archevêque de Séoul, est décédé le 16 février 2009 à l’âge de 86 ans (voir EDA 502).
(Source: Eglises d'Asie, 22 octobre 2009)
De juillet à septembre 2009, l’Institut de recherche en études bouddhiques, dirigé par l’Ordre Jogye (Ordre Chogye), la plus importante organisation bouddhique de Corée du Sud, a mené une enquête auprès d’un millier de moines et de nonnes bouddhistes. Il vient d’en publier les résultats, le 19 octobre dernier. A la lumière de ce sondage, il apparaît que 81 % des religieux bouddhistes qualifient de « préoccupantes » les tensions religieuses en Corée du Sud et que 74 % les attribuent principalement au conflit avec les protestants. Ils sont nombreux, en outre, à souligner que le protestantisme est devenu la religion la plus influente du pays, avant le catholicisme et même le bouddhisme, rejoignant ainsi une partie de l’opinion publique sud-coréenne qui accuse le gouvernement de favoriser l’expansion du protestantisme – et plus particulièrement celle des Eglises évangéliques – au détriment du bouddhisme, perçu comme la religion traditionnelle du pays.
Ce contentieux remonte déjà à quelques années, période au cours de laquelle se sont accumulées les provocations des protestants envers les bouddhistes. L’une d’elles avait impliqué en 2006 Lee Myung-bak, protestant convaincu, alors maire de Séoul et candidat à la présidence de la République, qui apparaissait dans un message de félicitation diffusé en vidéo à l’occasion d’un important meeting évangélique à Busan (Pusan). Lors de ce rassemblement, la foule avait prié pour que « tous les temples bouddhistes soient détruits ». Fortement embarrassé, le président avait par la suite présenté ses excuses à la communauté bouddhiste, assurant qu’il n’avait pas été prévenu (1).
Depuis l’élection en décembre 2007 du président Lee Myung-bak, le clergé bouddhiste n’a eu de cesse de dénoncer une politique qu’il juge discriminatoire envers sa communauté. En août 2008, près de 200 000 bouddhistes, dont un très grand nombre de religieux, ont ainsi défilé dans les rues de Séoul, demandant au président de la République des excuses publiques ainsi que la démission de certains membres de son gouvernement. Les manifestants reprochaient particulièrement au gouvernement le fait que le chef de l’Ordre Jogye, le Vénérable Jikwan, avait été l’objet, selon eux, d’un harcèlement policier après avoir accueilli dans l’enceinte de son temple des opposants au président Lee. A cette affaire considérée comme une « grave humiliation » envers l’un des plus importants chefs religieux du bouddhisme, s’était greffé un incident à propos des plans de la capitale fournis par le service gouvernemental des transports, qui signalaient bon nombre de petites églises protestantes mais omettaient d’importants temples bouddhiques, dont celui de l’Ordre Jogye (2).
« Avec l’expression des regrets du gouvernement et sa promesse que de tels incidents ne se reproduiraient plus, le conflit entre le gouvernement et le bouddhisme s’est apaisé. Mais le clergé bouddhiste continue de se méfier des membres du gouvernement », explique à l’agence Ucanews (3), Seo Jae-yeong, chercheur à l’Institut de recherche en études bouddhiques.
Interrogées sur les causes des problèmes touchant le bouddhisme en Corée du Sud, 23,7 % des personnes sondées répondent par la discrimination exercée par le gouvernement, mais 50,1 % avancent qu’il s’agit plutôt d’un manque de confiance de la population envers la religion. Le peu de crédibilité dont souffrent certaines religions en Corée avait déjà été souligné lors d’une enquête publiée en novembre 2008, dans laquelle 15,7 % des personnes interrogées affirmaient que l’on ne pouvait compter sur aucune religion et 31 % seulement reconnaissaient accorder leur confiance au bouddhisme (pour 18 % qui optaient pour le protestantisme (toutes mouvances confondues), le catholicisme ralliant 35,2 % des suffrages) (4).
Certaines réponses au questionnaire de l’Institut d’octobre 2009 révèlent également la nature très différente des relations entre les bouddhistes et les catholiques, au regard des relations entre les bouddhistes et les protestants. Lorsqu’il est demandé aux moines et nonnes bouddhistes pour quel responsable d’une autre religion ils éprouvent le plus de considération, bon nombre d’entre eux citent des personnalités catholiques, telles Mère Teresa ou le cardinal Kim, lequel était connu pour entretenir des rapports aussi étroits que respectueux avec les représentants du bouddhisme (5). A la même question concernant le responsable bouddhiste pour lequel ils éprouvent le plus d’admiration, les religieux choisissent, dans leur très grande majorité, le Vénérable Wonhyo (617-686), qui a joué un rôle-clé dans le développement du bouddhisme en Corée.
Selon le recensement de 2005, la Corée du Sud compte, avec une population de plus de 47 millions d’habitants, près de 23 % de bouddhistes, 18,3 % de protestants et 10,9 % de catholiques (5 millions de fidèles). Environ 40 % des Sud-Coréens se déclarent sans religion.
(1) Voir EDA 513
(2) Voir EDA 490
(3) Ucanews, 22 octobre 2009
(4) Voir EDA 497
(5) Le cardinal Stephen Kim Sou-hwan, ancien archevêque de Séoul, est décédé le 16 février 2009 à l’âge de 86 ans (voir EDA 502).
(Source: Eglises d'Asie, 22 octobre 2009)