La réaction du Saint-Siège était attendue. Deux jours avant l’ordination, le 20 novembre dernier, d’un évêque illégitime pour le diocèse de Chengde (Hebei), Rome avait publiquement manifesté son « trouble » face à un acte des autorités chinoises qui était décrit comme une « grave violation de la liberté de religion et de la liberté de conscience ». Quatre jours après l’ordination, le Saint-Siège faisait part du « profond regret » éprouvé par le pape à l’annonce de cette nouvelle (2). Quelques jours plus tard, la 8ème Assemblée nationale des représentants catholiques était convoquée à Pékin pour que soient élus les responsables de la Conférence des évêques « officiels » et de l’Association patriotique des catholiques chinois. Les pressions exercées par les autorités chinoises sur les délégués désignés pour siéger au sein de cette assemblée avaient été manifestement très fortes et Pékin choisissait de faire élire à la tête de la Conférence des évêques un évêque illégitime et à la tête de l’Association patriotique un évêque certes légitime mais connu pour céder aux pressions du pouvoir politique. Dans ce contexte, la réaction du Saint-Siège ne pouvait qu’être publique et vive, comme en témoigne le communiqué du 17 décembre.
« C’est avec une profonde douleur que le Saint-Siège déplore que, du 7 au 9 décembre, ait eu lieu à Pékin la huitième Assemblée nationale des représentants catholiques. » Le communiqué commence par ces mots et se poursuit immédiatement par la reconnaissance du fait que cette assemblée, qui n’a pas de légitimité dans l’organisation normale de l’Eglise, a été imposée aux évêques, prêtres, religieuses et fidèles laïcs qui y ont pris part. Pour Rome, le pouvoir chinois actuel fait preuve d’une attitude « que l’on pensait dépassée dans la Chine d’aujourd’hui », à savoir « une attitude répressive vis-à-vis de l’exercice de la liberté religieuse ». Le texte du communiqué continue avec ce qui, pour Rome, constitue le cœur du problème dans la relation que l’Eglise catholique tente de nouer avec le régime chinois: « La volonté persistante de contrôler la sphère la plus intime des citoyens, c’est-à-dire leur conscience, et de s’ingérer dans la vie interne de l’Eglise catholique » témoigne d’une « intolérance intransigeante », alors que l’honneur de la Chine serait de faire preuve d’« ouverture à la liberté ».
A l’attention des délégués catholiques qui ont pris part à l’assemblée, le Saint-Siège rappelle qu’« à plusieurs reprises », Rome les avait mis en garde contre toute éventuelle participation à l’assemblée. Le communiqué n’évoque toutefois pas la perspective d’une sanction canonique pour ceux des évêques et des prêtres qui ont siégé durant trois jours à Pékin. Il ne fait que les renvoyer à leur conscience « devant Dieu et l’Eglise » et aux attentes de leurs communautés respectives, « qui observent leur pasteur et ont le droit de voir en lui un guide ».
Pour ceux des évêques et des prêtres qui ont été contraints par la force ou la menace à se rendre à Pékin, le Saint-Siège dénonce « une grave violation de leurs droits fondamentaux, en particulier de leur liberté religieuse et de conscience ». Pour ceux qui ont fait preuve de courage, Rome dit « sa grande estime »; quant aux autres, ils sont invité « à prier, à faire pénitence et, par leurs actes, à réaffirmer » leur communion avec l’Eglise universelle.
A propos de la Conférence des évêques « officiels » et de l’Association patriotique, le communiqué renvoie à la Lettre de Benoît XVI de 2007, laquelle niait toute légitimité à ces instances. Le Vatican se veut très clair: le choix d’un évêque illégitime pour présider la Conférence épiscopale est un choix « déplorable »; le choix d’un évêque légitime pour président l’Association patriotique est un choix « lamentable ». Pour le Saint-Siège, Pékin doit renoncer à manipuler ainsi de l’intérieur l’organisation de l’Eglise en Chine pour accepter enfin que ses citoyens jouissent d’une véritable liberté religieuse, « liberté dont le respect est pourtant inscrit dans la Constitution [de la République populaire de Chine] ». Rome enfin ne ferme pas la porte au dialogue avec la Chine – pourvu qu’il existe chez les deux parties une volonté de dialoguer « honnêtement » – mais précise que « les actes inacceptables et hostiles » qui ont été posés à Pékin le 9 décembre ont provoqué « une grave perte de confiance » chez les catholiques. Le communiqué conclut en disant que l’invite du 1er décembre dernier du pape Benoît XVI à prier pour l’Eglise de Chine « qui vit des moment particulièrement difficiles » reste « d’une actualité pressante » (3).
(1) Voir EDA 541
(2) Voir EDA 540
(3) Voir EDA 541
(Source: Eglises d'Asie, 17 décembre 2010)
« C’est avec une profonde douleur que le Saint-Siège déplore que, du 7 au 9 décembre, ait eu lieu à Pékin la huitième Assemblée nationale des représentants catholiques. » Le communiqué commence par ces mots et se poursuit immédiatement par la reconnaissance du fait que cette assemblée, qui n’a pas de légitimité dans l’organisation normale de l’Eglise, a été imposée aux évêques, prêtres, religieuses et fidèles laïcs qui y ont pris part. Pour Rome, le pouvoir chinois actuel fait preuve d’une attitude « que l’on pensait dépassée dans la Chine d’aujourd’hui », à savoir « une attitude répressive vis-à-vis de l’exercice de la liberté religieuse ». Le texte du communiqué continue avec ce qui, pour Rome, constitue le cœur du problème dans la relation que l’Eglise catholique tente de nouer avec le régime chinois: « La volonté persistante de contrôler la sphère la plus intime des citoyens, c’est-à-dire leur conscience, et de s’ingérer dans la vie interne de l’Eglise catholique » témoigne d’une « intolérance intransigeante », alors que l’honneur de la Chine serait de faire preuve d’« ouverture à la liberté ».
A l’attention des délégués catholiques qui ont pris part à l’assemblée, le Saint-Siège rappelle qu’« à plusieurs reprises », Rome les avait mis en garde contre toute éventuelle participation à l’assemblée. Le communiqué n’évoque toutefois pas la perspective d’une sanction canonique pour ceux des évêques et des prêtres qui ont siégé durant trois jours à Pékin. Il ne fait que les renvoyer à leur conscience « devant Dieu et l’Eglise » et aux attentes de leurs communautés respectives, « qui observent leur pasteur et ont le droit de voir en lui un guide ».
Pour ceux des évêques et des prêtres qui ont été contraints par la force ou la menace à se rendre à Pékin, le Saint-Siège dénonce « une grave violation de leurs droits fondamentaux, en particulier de leur liberté religieuse et de conscience ». Pour ceux qui ont fait preuve de courage, Rome dit « sa grande estime »; quant aux autres, ils sont invité « à prier, à faire pénitence et, par leurs actes, à réaffirmer » leur communion avec l’Eglise universelle.
A propos de la Conférence des évêques « officiels » et de l’Association patriotique, le communiqué renvoie à la Lettre de Benoît XVI de 2007, laquelle niait toute légitimité à ces instances. Le Vatican se veut très clair: le choix d’un évêque illégitime pour présider la Conférence épiscopale est un choix « déplorable »; le choix d’un évêque légitime pour président l’Association patriotique est un choix « lamentable ». Pour le Saint-Siège, Pékin doit renoncer à manipuler ainsi de l’intérieur l’organisation de l’Eglise en Chine pour accepter enfin que ses citoyens jouissent d’une véritable liberté religieuse, « liberté dont le respect est pourtant inscrit dans la Constitution [de la République populaire de Chine] ». Rome enfin ne ferme pas la porte au dialogue avec la Chine – pourvu qu’il existe chez les deux parties une volonté de dialoguer « honnêtement » – mais précise que « les actes inacceptables et hostiles » qui ont été posés à Pékin le 9 décembre ont provoqué « une grave perte de confiance » chez les catholiques. Le communiqué conclut en disant que l’invite du 1er décembre dernier du pape Benoît XVI à prier pour l’Eglise de Chine « qui vit des moment particulièrement difficiles » reste « d’une actualité pressante » (3).
(1) Voir EDA 541
(2) Voir EDA 540
(3) Voir EDA 541
(Source: Eglises d'Asie, 17 décembre 2010)