Eglises d'Asie, 13 septembre 2010 – En dépit du fait que le pasteur américain ait renoncé à son projet de brûler des exemplaires du Coran le 11 septembre, des violences dirigées contre les chrétiens ont été perpétrées en Inde et en Indonésie.
Le 13 septembre, au Cachemire indien, des manifestations de séparatistes réunis à la suite de la diffusion d’images montrant un groupuscule chrétien en train de déchirer des pages du Coran le 11 septembre devant la Maison Blanche, à Washington, ont dégénéré et les tirs des forces de l’ordre ont fait quinze morts. Sur les quinze morts recensés, cinq l’ont été à Tangmarg, localité touristique située dans l’ouest de Jammu-et-Cachemire, territoire à majorité musulmane. Les manifestants s’en sont pris à une école et à une église catholique, tentant d’y mettre le feu. L’école, Tyndale Biscoe School, un établissement réputé, a été en grande partie détruite. Et si l’incendie n’a pas fait de victimes, la police a ouvert le feu sur la foule des musulmans en colère, tuant cinq d’entre eux.
Dans la soirée du 13 septembre, d’autres incidents ont éclaté dans plusieurs autres localités du territoire. A Pulwama, à 25 km au sud-est de Srinagar, capitale d’été du Jammu-et-Cachemire, une foule de musulmans en colère a tenté de mettre feu à l’Ecole du Bon Pasteur, une école catholique placée sous la direction du P. Jim Boorst, l’un des très rares missionnaires étrangers présents dans une région où les chrétiens forment une toute petite minorité de 15 à 20 000 croyants (sur une population de 7,3 millions d’habitants) (1). L’établissement a échappé aux flammes grâce à l’intervention rapide des pompiers et des forces de l’ordre. A Poonch, localité située à proximité immédiate de la ligne de partage entre le Cachemire indien et le Cachemire pakistanais, des informations font état d’actions visant à incendier deux écoles protestantes. Le couvre-feu a été déclaré dans cette région.
Un peu plus au sud, dans l’Etat du Pendjab, une église chrétienne a été attaquée par des manifestants musulmans à Malerkotla. Selon les informations disponibles, le bâtiment a été endommagé par un incendie et les autorités ont décrété un couvre-feu pour rétablir le calme. La police continue de patrouiller dans les rues de cette ville, située dans un district très majoritairement musulman. A Ludhiana, la plus importante ville du Pendjab, des jeunes chrétiens sont descendus dans la rue pour réclamer que les responsables de ces violences antichrétiennes soient déférés devant la justice – une manifestation qui n’a pas provoqué d’incident.
Ce même 13 septembre, le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay (Mumbai) et président de la Conférence épiscopale indienne, a redit la condamnation de l’Eglise de toute tentative de « profanation » du Coran. « Je déclare le plus solennellement que ceci ne correspond pas à ce que Jésus-Christ nous enseigne. Notre peine est d’autant plus grande que le christianisme et l’islam ont bien des choses en commun. Au nom de l’Eglise de Mumbai et de ce pays, je condamne ces actions qui ne respectent pas l’islam et qui vont à l’encontre des éléments les plus fondamentaux de notre religion. Je partage la souffrance de mes frères et sœurs musulmans face à cette triste actualité. Nous sommes avec vous pour bâtir une Inde plus forte », a-t-il déclaré dans les colonnes du quotidien DNA.
En Indonésie, une pasteur protestante et son assistant ont été blessés à l’arme blanche le dimanche 12 septembre. L’attaque a eu lieu le matin, lorsque la Rév. Luspida Simanjuntak, pasteur de la Huria Kristen Batak Protestan (HKBP, Batak Christian Protestant Church) (2), et Hasean Lumbantoruan Sihombing se rendaient à leur temple, situé à Bekasi, une banlieue de Djakarta. Des assaillants ont surgi en motocyclettes et poignardé Sihombing dans l’estomac, la pasteur étant frappée à la tête par un gourdin. Hospitalisée, celle-ci n’a été, semble-t-il, que légèrement blessée tandis que son assistant, plus âgé, souffre de blessures graves.
Bekasi abrite le quartier général du Front des défenseurs de l’islam (FPI, Front Pembela Islam), mouvement extrémiste connu pour ses actions, souvent violentes, contre ceux qui ne respecteraient pas les préceptes de l’islam. Le mouvement est coutumier des actions coup de poing contre des communautés chrétiennes désireuses de bâtir à leur propres lieux de culte. En décembre dernier, à Bekasi même, le chantier d’une église catholique en construction avait été saccagé par des militants du FPI (3).
Rapidement, le lendemain 13 septembre, la police a interpellé neuf personnes pour les interroger au sujet de leur implication éventuelle dans l’attaque contre la pasteur protestante et son assistant. Un chef de la police à Djakarta, Timur Pradopo, a déclaré que les éléments de l’enquête suggéraient que l’agression avait un caractère « purement criminel » et n’était pas liée à la religion. Des déclarations immédiatement reprises par le secrétaire général du ministère des Affaires religieuses.
Selon Theophilus Bela, directeur du Forum de communication des chrétiens de Djakarta, la promptitude de la police à écarter tout motif religieux dans l’attaque est plus que suspecte. « C’était la sixième attaque dirigée contre des chrétiens en l’espace de quelques semaines », a-t-il expliqué. Quant au Rév. Advent Loenard Nababan, qui connaissait bien la pasteur attaquée, il a estimé que « de telles attaques [étaient] inhumaines dans un pays qui prétend défendre le pluralisme ». A Djakarta, des responsables des deux principales organisations musulmanes de masse, la Nahdlatul Ulama et la Muhammadiyah, ont témoigné de leur soutien aux chrétiens visés par les attaques et fermement condamné ces dernières. De son côté, le président de la République, Susilo Bambang Yudhoyono, a fait savoir qu’il suivait la situation de près et préparait une rencontre avec les principaux responsables religieux du pays.
Avant la date du 11 septembre, plusieurs responsables religieux, notamment chrétiens, en Asie avaient mis en garde contre le risque de voir des extrémistes musulmans s’en prendre aux chrétiens d’Asie en représailles de l’autodafé annoncé par le pasteur américain du Dove World Outreach Center en Floride (4).
(1) Présent depuis 1963 au Jammu-et-Cachemire, le P. Jim Boorst, d’origine hollandaise, est membre de la société missionnaire de Mill Hill. Apprécié pour le travail social et éducatif qu’il mène dans la région, le missionnaire a connu des soucis en 2003, lorsqu’une grenade a manqué d’exploser dans son Ecole du Bon Pasteur. En 2004, son visa faillit ne pas être renouvelé par les autorités (voir EDA 377, 397).
(2) Huria Kristen Batak Protestan (HKBP) est l’une des plus importantes dénominations protestantes d’Indonésie. Ses origines remontent aux années 1880 et au travail missionnaire mené par la Société missionnaire allemande du Rhin, active au départ en pays batak, à Sumatra-Nord.
(3) Voir EDA 520
(4) Voir dépêche diffusée par EDA le 9 septembre 2010
(Source: Eglises d'Asie, 14 septembre 2010)
Le 13 septembre, au Cachemire indien, des manifestations de séparatistes réunis à la suite de la diffusion d’images montrant un groupuscule chrétien en train de déchirer des pages du Coran le 11 septembre devant la Maison Blanche, à Washington, ont dégénéré et les tirs des forces de l’ordre ont fait quinze morts. Sur les quinze morts recensés, cinq l’ont été à Tangmarg, localité touristique située dans l’ouest de Jammu-et-Cachemire, territoire à majorité musulmane. Les manifestants s’en sont pris à une école et à une église catholique, tentant d’y mettre le feu. L’école, Tyndale Biscoe School, un établissement réputé, a été en grande partie détruite. Et si l’incendie n’a pas fait de victimes, la police a ouvert le feu sur la foule des musulmans en colère, tuant cinq d’entre eux.
Dans la soirée du 13 septembre, d’autres incidents ont éclaté dans plusieurs autres localités du territoire. A Pulwama, à 25 km au sud-est de Srinagar, capitale d’été du Jammu-et-Cachemire, une foule de musulmans en colère a tenté de mettre feu à l’Ecole du Bon Pasteur, une école catholique placée sous la direction du P. Jim Boorst, l’un des très rares missionnaires étrangers présents dans une région où les chrétiens forment une toute petite minorité de 15 à 20 000 croyants (sur une population de 7,3 millions d’habitants) (1). L’établissement a échappé aux flammes grâce à l’intervention rapide des pompiers et des forces de l’ordre. A Poonch, localité située à proximité immédiate de la ligne de partage entre le Cachemire indien et le Cachemire pakistanais, des informations font état d’actions visant à incendier deux écoles protestantes. Le couvre-feu a été déclaré dans cette région.
Un peu plus au sud, dans l’Etat du Pendjab, une église chrétienne a été attaquée par des manifestants musulmans à Malerkotla. Selon les informations disponibles, le bâtiment a été endommagé par un incendie et les autorités ont décrété un couvre-feu pour rétablir le calme. La police continue de patrouiller dans les rues de cette ville, située dans un district très majoritairement musulman. A Ludhiana, la plus importante ville du Pendjab, des jeunes chrétiens sont descendus dans la rue pour réclamer que les responsables de ces violences antichrétiennes soient déférés devant la justice – une manifestation qui n’a pas provoqué d’incident.
Ce même 13 septembre, le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay (Mumbai) et président de la Conférence épiscopale indienne, a redit la condamnation de l’Eglise de toute tentative de « profanation » du Coran. « Je déclare le plus solennellement que ceci ne correspond pas à ce que Jésus-Christ nous enseigne. Notre peine est d’autant plus grande que le christianisme et l’islam ont bien des choses en commun. Au nom de l’Eglise de Mumbai et de ce pays, je condamne ces actions qui ne respectent pas l’islam et qui vont à l’encontre des éléments les plus fondamentaux de notre religion. Je partage la souffrance de mes frères et sœurs musulmans face à cette triste actualité. Nous sommes avec vous pour bâtir une Inde plus forte », a-t-il déclaré dans les colonnes du quotidien DNA.
En Indonésie, une pasteur protestante et son assistant ont été blessés à l’arme blanche le dimanche 12 septembre. L’attaque a eu lieu le matin, lorsque la Rév. Luspida Simanjuntak, pasteur de la Huria Kristen Batak Protestan (HKBP, Batak Christian Protestant Church) (2), et Hasean Lumbantoruan Sihombing se rendaient à leur temple, situé à Bekasi, une banlieue de Djakarta. Des assaillants ont surgi en motocyclettes et poignardé Sihombing dans l’estomac, la pasteur étant frappée à la tête par un gourdin. Hospitalisée, celle-ci n’a été, semble-t-il, que légèrement blessée tandis que son assistant, plus âgé, souffre de blessures graves.
Bekasi abrite le quartier général du Front des défenseurs de l’islam (FPI, Front Pembela Islam), mouvement extrémiste connu pour ses actions, souvent violentes, contre ceux qui ne respecteraient pas les préceptes de l’islam. Le mouvement est coutumier des actions coup de poing contre des communautés chrétiennes désireuses de bâtir à leur propres lieux de culte. En décembre dernier, à Bekasi même, le chantier d’une église catholique en construction avait été saccagé par des militants du FPI (3).
Rapidement, le lendemain 13 septembre, la police a interpellé neuf personnes pour les interroger au sujet de leur implication éventuelle dans l’attaque contre la pasteur protestante et son assistant. Un chef de la police à Djakarta, Timur Pradopo, a déclaré que les éléments de l’enquête suggéraient que l’agression avait un caractère « purement criminel » et n’était pas liée à la religion. Des déclarations immédiatement reprises par le secrétaire général du ministère des Affaires religieuses.
Selon Theophilus Bela, directeur du Forum de communication des chrétiens de Djakarta, la promptitude de la police à écarter tout motif religieux dans l’attaque est plus que suspecte. « C’était la sixième attaque dirigée contre des chrétiens en l’espace de quelques semaines », a-t-il expliqué. Quant au Rév. Advent Loenard Nababan, qui connaissait bien la pasteur attaquée, il a estimé que « de telles attaques [étaient] inhumaines dans un pays qui prétend défendre le pluralisme ». A Djakarta, des responsables des deux principales organisations musulmanes de masse, la Nahdlatul Ulama et la Muhammadiyah, ont témoigné de leur soutien aux chrétiens visés par les attaques et fermement condamné ces dernières. De son côté, le président de la République, Susilo Bambang Yudhoyono, a fait savoir qu’il suivait la situation de près et préparait une rencontre avec les principaux responsables religieux du pays.
Avant la date du 11 septembre, plusieurs responsables religieux, notamment chrétiens, en Asie avaient mis en garde contre le risque de voir des extrémistes musulmans s’en prendre aux chrétiens d’Asie en représailles de l’autodafé annoncé par le pasteur américain du Dove World Outreach Center en Floride (4).
(1) Présent depuis 1963 au Jammu-et-Cachemire, le P. Jim Boorst, d’origine hollandaise, est membre de la société missionnaire de Mill Hill. Apprécié pour le travail social et éducatif qu’il mène dans la région, le missionnaire a connu des soucis en 2003, lorsqu’une grenade a manqué d’exploser dans son Ecole du Bon Pasteur. En 2004, son visa faillit ne pas être renouvelé par les autorités (voir EDA 377, 397).
(2) Huria Kristen Batak Protestan (HKBP) est l’une des plus importantes dénominations protestantes d’Indonésie. Ses origines remontent aux années 1880 et au travail missionnaire mené par la Société missionnaire allemande du Rhin, active au départ en pays batak, à Sumatra-Nord.
(3) Voir EDA 520
(4) Voir dépêche diffusée par EDA le 9 septembre 2010
(Source: Eglises d'Asie, 14 septembre 2010)