VIETNAM: Entretien avec Mgr Barnabé Nguyên Van Phuong, de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples
A propos de la visite du chef de l’Etat vietnamien au pape Benoît XVI, le 11 décembre 2009
NDLR: Vendredi 11 décembre 2009, Nguyên Minh Triêt, chef de l’Etat vietnamien, rencontre à Rome le pape Benoît XVI. Que peut-on attendre de cet entretien ? La personnalité romaine qui a le plus d’expérience dans le domaine des relations entre le Vietnam et le Vatican est certainement Mgr Barnabé Nguyên Van Phuong, de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Depuis 1990, il a fait partie de toutes les délégations vaticanes venues, chaque année, négocier avec les autorités vietnamiennes. Le 9 décembre dernier, il a répondu aux questions posées à ce sujet par Cia Minh de Radio Free Asia (émissions en vietnamien). L’interview a été traduite en français par la rédaction d’Eglises d’Asie.
RFA: Que penser de cette rencontre entre le chef de l’Etat vietnamien et le pape Benoît XVI ?
Mgr Barnabé Nguyên Van Phuong: Naturellement, le Souverain pontife est toujours prêt à recevoir tous les chefs d’Etat. Lors de ces rencontres, les deux parties désirent s’entretenir pour se rapprocher davantage. C’est pourquoi ces rencontres ont toujours du bon, même si il n’existe pas encore de relations diplomatiques entre les deux parties. Pour les Vietnamiens en général et pour les catholiques en particulier, il s’agit là d’un signe qui renforce leur confiance et leur fait espérer qu’à travers cette rencontre, la compréhension et le rapprochement s’amélioreront encore.
C’est le deuxième voyage d’un haut dirigeant du Vietnam au Vatican, le premier ayant été celui du Premier ministre Nguyên Tan Dung au mois de février 2007. Depuis cette première visite, y a-t-il eu une évolution dans le rapprochement et la compréhension nouvelle entre les autorités de Hanoi et le Vatican ?
Depuis 2007, le Saint-Siège a envoyé plusieurs délégations au Vietnam. A chaque fois, compréhension et rapprochement se sont accentués. Il y a une volonté d’aller jusqu’à l’établissement de relations diplomatiques entre les deux parties. Mais quel que soit l’objectif vers lequel on se dirige, il faut du temps…
Au mois de février de cette année, vous avez fait partie de la délégation du Saint-Siège qui s’est rendue au Vietnam pour négocier. Quel a été d’après vous le point le plus positif ?
Les deux parties ont pris la résolution de s’efforcer de parvenir à des relations diplomatiques. Mais, jusqu’à présent, rien de concret n’a été réalisé.
Le Vatican est « l’Eglise mère ». Or, au Vietnam, ces temps derniers, se sont produit des événements dans lesquels ont été impliqués l’Eglise catholique au Vietnam et le gouvernement. D’après vous, comment faut-il comprendre ces obstacles et ces perturbations ? Comment les régler ?
Il existe encore des revendications chez les catholiques du Vietnam. Elles concernent les propriétés foncières. Ces revendications sont toujours là. Rien n’a encore changé !
Le Vietnam et le Vatican veulent établir des relations diplomatiques. D’ordinaire, il est alors besoin d’établissements comme autrefois la Délégation apostolique à Hanoi, où le délégué du Saint-Siège à Hanoi résidait. Ainsi, lorsque seront établis des relations, ce lieu ne devrait-il pas être réservé aux nouveaux représentants du Saint-Siège ?
Comme vous le savez, une partie du terrain de la délégation apostolique est devenue un jardin public. Le bâtiment est encore intact. Naturellement, lors de l’établissement de liens diplomatiques, il faudra certainement poser cette question. Pourra-t-elle être réglée avec justice ? Actuellement, le fait est que la propriété est devenue un jardin public.
Il s’agit là d’une propriété destinée aux relations diplomatiques. Il existe des biens immobiliers, comme l’Institut pontifical de Dalat, que l’Eglise veut récupérer pour la formation des prêtres. Sur une partie de la propriété, des travaux pour la construction d’un jardin public ont été entrepris. Avez-vous suivi le développement de cette affaire ?
Je l’ai suivi à travers la presse et Internet. Je constate en effet que, sur une partie de la propriété de l’Institut pontifical, des travaux sont menés pour la transformer en jardin public. Ainsi, cette transformation en lieu public est en train de s’accomplir, alors que l’Eglise du Vietnam et sa Conférence épiscopale ont, à de nombreuses reprises, demandé sa restitution pour en faire un établissement de formation des prêtres et des laïcs de haut niveau, un lieu qui puisse servir l’Eglise et le pays d’une manière plus efficace. Jusqu’à présent, les autorités n’ont pas satisfait à cette revendication. Mais, de tout cela, je suis informé par la presse.
Lors de vos rencontres avec les représentants officiels du Vietnam, ces questions sont-elles abordées ?
Lorsque l’on rencontre les représentants du gouvernement vietnamien, nous leur communiquons des informations sur ces requêtes de l’Eglise du Vietnam. Le Saint-Siège respecte les revendications de l’Eglise du Vietnam.
Des solutions sont-elles trouvées ?
Lors de notre dernière rencontre, nous n’avons fait qu’effleurer le sujet. Mais notre objectif principal n’était pas de parler des propriétés de l’Eglise.
Lors de ces conflits de propriété, il y a eu des affrontements et des heurts. Des prêtres ont été frappés. Le Saint-Siège a-t-il été mis au courant et en a-t-il informé la partie vietnamienne ?
Nous sommes informés, mais nous n’avons pas encore eu l’occasion de parler à ce sujet. Le Saint-Siège est au courant à travers les nouvelles de la presse et des nouveaux moyens de communication.
Même s’il n’a pas l’occasion d’en parler, le Saint-Siège a-t-il une opinion sur ce sujet ?
Comme il n’y a pas eu d’occasion de rencontre, il n’y a pas eu d’opinion exprimée. Lorsque l’occasion se présentera, elle sera exprimée.
Sans doute, l’ensemble de la situation a-t-elle été exposée au Saint-Père ?
L’exposé de la situation au Saint-Père reste limité. En effet, à ce jour, le pape n’a pas de représentant au Vietnam. Lorsqu’il y a un représentant du Saint-Siège dans un pays, il peut s’entretenir avec les autorités et s’informer clairement de la situation dans les diverses régions. Les évêques lui font aussi des rapports, mais il ne s’agit pas là de relations permanentes. Les personnes qui travaillent avec le Saint-Père s’efforcent de suivre la presse et de s’informer sur Internet pour connaître la situation du Vietnam. Mais, pour l’information, l’absence de représentant sur place reste une lacune.
Certaines informations laissent entendre que l’archevêque de Hanoi, Mgr Ngô Quang Kiêt, a demandé à démissionner. En tant que personnalité du Vatican et membre de la délégation romaine au Vietnam, que pensez-vous de cette information ?
Je n’ai entendu parler de ce sujet que par la presse. Je n’ai pas d’autres informations.
Est-il possible que le Saint-Père accomplisse une visite au Vietnam, second pays de l’Asie du Sud-Est pour le nombre de catholiques, après les Philippines.
Pour les catholiques du Vietnam, le voyage du Saint-Père dans leur pays est un événement qu’ils souhaitent et qui les réjouirait profondément. Une fois déjà, les évêques ont fait savoir au Saint-Père qu’ils souhaitaient sa visite au Vietnam. Pour l’Eglise, il s’agit d’une chose ordinaire. Mais, pour que le Saint-Père vienne visiter un pays, il faut qu’il y ait l’accord du gouvernement de ce pays. Actuellement, sans relations diplomatiques officielles, cela est difficile…
(Source: Eglises d'Asie, 11 décembre 2009)
A propos de la visite du chef de l’Etat vietnamien au pape Benoît XVI, le 11 décembre 2009
NDLR: Vendredi 11 décembre 2009, Nguyên Minh Triêt, chef de l’Etat vietnamien, rencontre à Rome le pape Benoît XVI. Que peut-on attendre de cet entretien ? La personnalité romaine qui a le plus d’expérience dans le domaine des relations entre le Vietnam et le Vatican est certainement Mgr Barnabé Nguyên Van Phuong, de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Depuis 1990, il a fait partie de toutes les délégations vaticanes venues, chaque année, négocier avec les autorités vietnamiennes. Le 9 décembre dernier, il a répondu aux questions posées à ce sujet par Cia Minh de Radio Free Asia (émissions en vietnamien). L’interview a été traduite en français par la rédaction d’Eglises d’Asie.
RFA: Que penser de cette rencontre entre le chef de l’Etat vietnamien et le pape Benoît XVI ?
Mgr Barnabé Nguyên Van Phuong: Naturellement, le Souverain pontife est toujours prêt à recevoir tous les chefs d’Etat. Lors de ces rencontres, les deux parties désirent s’entretenir pour se rapprocher davantage. C’est pourquoi ces rencontres ont toujours du bon, même si il n’existe pas encore de relations diplomatiques entre les deux parties. Pour les Vietnamiens en général et pour les catholiques en particulier, il s’agit là d’un signe qui renforce leur confiance et leur fait espérer qu’à travers cette rencontre, la compréhension et le rapprochement s’amélioreront encore.
C’est le deuxième voyage d’un haut dirigeant du Vietnam au Vatican, le premier ayant été celui du Premier ministre Nguyên Tan Dung au mois de février 2007. Depuis cette première visite, y a-t-il eu une évolution dans le rapprochement et la compréhension nouvelle entre les autorités de Hanoi et le Vatican ?
Depuis 2007, le Saint-Siège a envoyé plusieurs délégations au Vietnam. A chaque fois, compréhension et rapprochement se sont accentués. Il y a une volonté d’aller jusqu’à l’établissement de relations diplomatiques entre les deux parties. Mais quel que soit l’objectif vers lequel on se dirige, il faut du temps…
Au mois de février de cette année, vous avez fait partie de la délégation du Saint-Siège qui s’est rendue au Vietnam pour négocier. Quel a été d’après vous le point le plus positif ?
Les deux parties ont pris la résolution de s’efforcer de parvenir à des relations diplomatiques. Mais, jusqu’à présent, rien de concret n’a été réalisé.
Le Vatican est « l’Eglise mère ». Or, au Vietnam, ces temps derniers, se sont produit des événements dans lesquels ont été impliqués l’Eglise catholique au Vietnam et le gouvernement. D’après vous, comment faut-il comprendre ces obstacles et ces perturbations ? Comment les régler ?
Il existe encore des revendications chez les catholiques du Vietnam. Elles concernent les propriétés foncières. Ces revendications sont toujours là. Rien n’a encore changé !
Le Vietnam et le Vatican veulent établir des relations diplomatiques. D’ordinaire, il est alors besoin d’établissements comme autrefois la Délégation apostolique à Hanoi, où le délégué du Saint-Siège à Hanoi résidait. Ainsi, lorsque seront établis des relations, ce lieu ne devrait-il pas être réservé aux nouveaux représentants du Saint-Siège ?
Comme vous le savez, une partie du terrain de la délégation apostolique est devenue un jardin public. Le bâtiment est encore intact. Naturellement, lors de l’établissement de liens diplomatiques, il faudra certainement poser cette question. Pourra-t-elle être réglée avec justice ? Actuellement, le fait est que la propriété est devenue un jardin public.
Il s’agit là d’une propriété destinée aux relations diplomatiques. Il existe des biens immobiliers, comme l’Institut pontifical de Dalat, que l’Eglise veut récupérer pour la formation des prêtres. Sur une partie de la propriété, des travaux pour la construction d’un jardin public ont été entrepris. Avez-vous suivi le développement de cette affaire ?
Je l’ai suivi à travers la presse et Internet. Je constate en effet que, sur une partie de la propriété de l’Institut pontifical, des travaux sont menés pour la transformer en jardin public. Ainsi, cette transformation en lieu public est en train de s’accomplir, alors que l’Eglise du Vietnam et sa Conférence épiscopale ont, à de nombreuses reprises, demandé sa restitution pour en faire un établissement de formation des prêtres et des laïcs de haut niveau, un lieu qui puisse servir l’Eglise et le pays d’une manière plus efficace. Jusqu’à présent, les autorités n’ont pas satisfait à cette revendication. Mais, de tout cela, je suis informé par la presse.
Lors de vos rencontres avec les représentants officiels du Vietnam, ces questions sont-elles abordées ?
Lorsque l’on rencontre les représentants du gouvernement vietnamien, nous leur communiquons des informations sur ces requêtes de l’Eglise du Vietnam. Le Saint-Siège respecte les revendications de l’Eglise du Vietnam.
Des solutions sont-elles trouvées ?
Lors de notre dernière rencontre, nous n’avons fait qu’effleurer le sujet. Mais notre objectif principal n’était pas de parler des propriétés de l’Eglise.
Lors de ces conflits de propriété, il y a eu des affrontements et des heurts. Des prêtres ont été frappés. Le Saint-Siège a-t-il été mis au courant et en a-t-il informé la partie vietnamienne ?
Nous sommes informés, mais nous n’avons pas encore eu l’occasion de parler à ce sujet. Le Saint-Siège est au courant à travers les nouvelles de la presse et des nouveaux moyens de communication.
Même s’il n’a pas l’occasion d’en parler, le Saint-Siège a-t-il une opinion sur ce sujet ?
Comme il n’y a pas eu d’occasion de rencontre, il n’y a pas eu d’opinion exprimée. Lorsque l’occasion se présentera, elle sera exprimée.
Sans doute, l’ensemble de la situation a-t-elle été exposée au Saint-Père ?
L’exposé de la situation au Saint-Père reste limité. En effet, à ce jour, le pape n’a pas de représentant au Vietnam. Lorsqu’il y a un représentant du Saint-Siège dans un pays, il peut s’entretenir avec les autorités et s’informer clairement de la situation dans les diverses régions. Les évêques lui font aussi des rapports, mais il ne s’agit pas là de relations permanentes. Les personnes qui travaillent avec le Saint-Père s’efforcent de suivre la presse et de s’informer sur Internet pour connaître la situation du Vietnam. Mais, pour l’information, l’absence de représentant sur place reste une lacune.
Certaines informations laissent entendre que l’archevêque de Hanoi, Mgr Ngô Quang Kiêt, a demandé à démissionner. En tant que personnalité du Vatican et membre de la délégation romaine au Vietnam, que pensez-vous de cette information ?
Je n’ai entendu parler de ce sujet que par la presse. Je n’ai pas d’autres informations.
Est-il possible que le Saint-Père accomplisse une visite au Vietnam, second pays de l’Asie du Sud-Est pour le nombre de catholiques, après les Philippines.
Pour les catholiques du Vietnam, le voyage du Saint-Père dans leur pays est un événement qu’ils souhaitent et qui les réjouirait profondément. Une fois déjà, les évêques ont fait savoir au Saint-Père qu’ils souhaitaient sa visite au Vietnam. Pour l’Eglise, il s’agit d’une chose ordinaire. Mais, pour que le Saint-Père vienne visiter un pays, il faut qu’il y ait l’accord du gouvernement de ce pays. Actuellement, sans relations diplomatiques officielles, cela est difficile…
(Source: Eglises d'Asie, 11 décembre 2009)