Ce 16 janvier, devant deux mille prêtres, religieux et religieuses, séminaristes et évêques réunis à la cathédrale de Manille, le pape François, dans une homélie au ton à la fois ferme et tendrement paternel, a invité le clergé philippin « à préparer de nouvelles voies à l’Evangile en Asie à l’aube d’une ère nouvelle ».
Sur les bases d’« une culture philippine (…) pétrie par la créativité de la foi », riche d’un héritage « au fort potentiel missionnaire », l’Eglise qui est aux Philippines doit pénétrer « encore plus pleinement dans le tissu de la société philippine et, à travers vous (le clergé), jusqu’aux recoins les plus lointains du monde », a affirmé le pape, rappelant que le pays fêterait en 2021 le 500ème anniversaire de son évangélisation et que le clergé d’aujourd’hui était, comme celui des générations passées, appelé « à construire des ponts » pour faire connaître l’Evangile en Asie.
S’exprimant en anglais, improvisant à quelques reprises pour souligner tel ou tel aspect de son propos, le pape a évoqué la force transformatrice de l’Evangile, qui « peut inspirer la construction d’un ordre social vraiment juste et racheté ». Toutefois, afin de proclamer « la joie de l’Evangile », « être ambassadeur du Christ signifie avant tout inviter chacun à une rencontre renouvelée avec le Seigneur Jésus », a dit le pape, insistant sur l’importance de « la rencontre personnelle » avec le Christ. Se convertir passe par « un examen de conscience, comme individu et comme peuple », a continué le pape François, déclarant que « nous (le clergé) devions être les premiers à reconnaître nos échecs et nos chutes ».
Le pape a alors exhorté les prêtres et religieux philippins à une intense vie de prière, sans quoi la menace est grande « de tomber dans un certain matérialisme qui peut s’insinuer dans nos vies et compromettre le témoignage que nous donnons ». Invitant fermement chacun « à devenir pauvres », il s’est particulièrement adressé aux jeunes prêtres, religieux et séminaristes, leur demandant d’« être proches de ceux qui, en vivant au milieu d’une société alourdie par la pauvreté et par la corruption, sont découragés en esprit, tentés de tout laisser tomber, d’arrêter l’école et de vivre dans les rues ».
A l’issue de la messe, le pape a joint le geste à la parole, se rendant à pied dans l’un des centres de la fondation ANAK-Tnk, qui vient en aide aux enfants des rues. Le centre visité par le pape jouxte la cathédrale et abrite en temps normal des jeunes filles, dont bon nombre ont été victimes d’abus et de violences dans le cercle familial ou à l’extérieur de celui-ci. La visite du pape n’était pas inscrite au programme officiel ; il a été accueilli par quelque 300 enfants des différents centres de la fondation.
Dirigée par le P. Matthieu Dauchez, 39 ans, prêtre français incardiné dans l’archidiocèse de Manille, la fondation avait envoyé un millier de lettres et de dessins d'enfants au pape pour l’inviter à les rencontrer. Accompagné par le cardinal Tagle, archevêque de Manille, le pape a salué les enfants, avant d’écouter une brève présentation de la fondation par son directeur. Selon l’agence I.Media, le pape a affirmé : « Ces enfants, pauvres parmi les pauvres, sont le trésor de notre Eglise, ils sont nos maîtres. »
Créée par un jésuite français pour accueillir les enfants des rues, la fondation ANAK-Tnk travaille auprès de près de 3 000 enfants, dont certains ont connu la prostitution ou la drogue, les autres étant issus des bidonvilles et victimes de la pauvreté. Le P. Dauchez a confié à I.Media que « la visite du pape a mis en acte ce dont le pape François parle sans cesse : son invitation à se mettre à l’école des pauvres » ; les quelque 15 minutes passées sur place par le Souverain Pontife auront permis aux 300 enfants présents « de voir le chef de l’Eglise venir jusqu’à eux, ce qui leur donnera une force incroyable ».
Pour cette première vraie journée de son voyage aux Philippines (le pape a atterri à Manille hier, 15 janvier, en fin d’après-midi), le Saint-Père avait commencé la matinée par une visite de courtoisie au président de la République, Benigno Aquino, et aux autorités constituées. La rencontre a pris place au palais présidentiel de Malacanang. Le pape y a déclaré qu’il était « maintenant plus que jamais nécessaire que les dirigeants politiques se distinguent par leur honnêteté, leur intégrité et leur responsabilité envers le bien commun ».
Devant un président élu en 2010 sur un programme ‘Pas de corruption, pas de pauvres’, mais dans un pays pourtant marqué par une profonde corruption (trois sénateurs, sur les 24 membres du Sénat, ont été récemment mis en prison pour des faits de corruption et un retentissant scandale au sujet du détournement à des fins personnelles de subventions pourtant destinées à l’aide aux plus pauvres agite le pays depuis des mois), le pape a relevé que les évêques philippins avaient demandé que l’année 2015 soit proclamée ‘Année des pauvres’ ; il a ajouté espérer « que cette requête prophétique provoquera en chacun, à tous les niveaux de la société, le refus ferme de toute forme de corruption qui détourne les ressources destinées aux pauvres, et décidera la volonté d’un effort concerté pour inclure tout homme, toute femme et tout enfant dans la vie de la communauté ».
Enfin, insistant sur l’importance qu’il accorde aux jeunes et aux familles, le pape a affirmé que la famille, qui peut souffrir d’« être défigurée et détruite », a besoin d’être soutenue. « Nous savons combien il est difficile aujourd’hui pour nos démocraties de préserver et de défendre ces valeurs humaines de base que sont le respect de la dignité inviolable de toute personne humaine, le respect des droits à la liberté de conscience et de religion, le respect du droit inaliénable à la vie, depuis celle des enfants qui ne sont pas encore nés jusqu’à celle des personnes âgées et des malades », a-t-il exposé, avant de « lancer un défi et un encouragement » aux autorités philippines : « Puissent les profondes valeurs spirituelles du peuple philippin continuer de trouver leur expression dans l’effort pour procurer à vos concitoyens un développement humain intégral. » (eda/ra)
(Source: Eglises d'Asie, le 16 janvier 2015)
Sur les bases d’« une culture philippine (…) pétrie par la créativité de la foi », riche d’un héritage « au fort potentiel missionnaire », l’Eglise qui est aux Philippines doit pénétrer « encore plus pleinement dans le tissu de la société philippine et, à travers vous (le clergé), jusqu’aux recoins les plus lointains du monde », a affirmé le pape, rappelant que le pays fêterait en 2021 le 500ème anniversaire de son évangélisation et que le clergé d’aujourd’hui était, comme celui des générations passées, appelé « à construire des ponts » pour faire connaître l’Evangile en Asie.
S’exprimant en anglais, improvisant à quelques reprises pour souligner tel ou tel aspect de son propos, le pape a évoqué la force transformatrice de l’Evangile, qui « peut inspirer la construction d’un ordre social vraiment juste et racheté ». Toutefois, afin de proclamer « la joie de l’Evangile », « être ambassadeur du Christ signifie avant tout inviter chacun à une rencontre renouvelée avec le Seigneur Jésus », a dit le pape, insistant sur l’importance de « la rencontre personnelle » avec le Christ. Se convertir passe par « un examen de conscience, comme individu et comme peuple », a continué le pape François, déclarant que « nous (le clergé) devions être les premiers à reconnaître nos échecs et nos chutes ».
Le pape a alors exhorté les prêtres et religieux philippins à une intense vie de prière, sans quoi la menace est grande « de tomber dans un certain matérialisme qui peut s’insinuer dans nos vies et compromettre le témoignage que nous donnons ». Invitant fermement chacun « à devenir pauvres », il s’est particulièrement adressé aux jeunes prêtres, religieux et séminaristes, leur demandant d’« être proches de ceux qui, en vivant au milieu d’une société alourdie par la pauvreté et par la corruption, sont découragés en esprit, tentés de tout laisser tomber, d’arrêter l’école et de vivre dans les rues ».
A l’issue de la messe, le pape a joint le geste à la parole, se rendant à pied dans l’un des centres de la fondation ANAK-Tnk, qui vient en aide aux enfants des rues. Le centre visité par le pape jouxte la cathédrale et abrite en temps normal des jeunes filles, dont bon nombre ont été victimes d’abus et de violences dans le cercle familial ou à l’extérieur de celui-ci. La visite du pape n’était pas inscrite au programme officiel ; il a été accueilli par quelque 300 enfants des différents centres de la fondation.
Dirigée par le P. Matthieu Dauchez, 39 ans, prêtre français incardiné dans l’archidiocèse de Manille, la fondation avait envoyé un millier de lettres et de dessins d'enfants au pape pour l’inviter à les rencontrer. Accompagné par le cardinal Tagle, archevêque de Manille, le pape a salué les enfants, avant d’écouter une brève présentation de la fondation par son directeur. Selon l’agence I.Media, le pape a affirmé : « Ces enfants, pauvres parmi les pauvres, sont le trésor de notre Eglise, ils sont nos maîtres. »
Créée par un jésuite français pour accueillir les enfants des rues, la fondation ANAK-Tnk travaille auprès de près de 3 000 enfants, dont certains ont connu la prostitution ou la drogue, les autres étant issus des bidonvilles et victimes de la pauvreté. Le P. Dauchez a confié à I.Media que « la visite du pape a mis en acte ce dont le pape François parle sans cesse : son invitation à se mettre à l’école des pauvres » ; les quelque 15 minutes passées sur place par le Souverain Pontife auront permis aux 300 enfants présents « de voir le chef de l’Eglise venir jusqu’à eux, ce qui leur donnera une force incroyable ».
Pour cette première vraie journée de son voyage aux Philippines (le pape a atterri à Manille hier, 15 janvier, en fin d’après-midi), le Saint-Père avait commencé la matinée par une visite de courtoisie au président de la République, Benigno Aquino, et aux autorités constituées. La rencontre a pris place au palais présidentiel de Malacanang. Le pape y a déclaré qu’il était « maintenant plus que jamais nécessaire que les dirigeants politiques se distinguent par leur honnêteté, leur intégrité et leur responsabilité envers le bien commun ».
Devant un président élu en 2010 sur un programme ‘Pas de corruption, pas de pauvres’, mais dans un pays pourtant marqué par une profonde corruption (trois sénateurs, sur les 24 membres du Sénat, ont été récemment mis en prison pour des faits de corruption et un retentissant scandale au sujet du détournement à des fins personnelles de subventions pourtant destinées à l’aide aux plus pauvres agite le pays depuis des mois), le pape a relevé que les évêques philippins avaient demandé que l’année 2015 soit proclamée ‘Année des pauvres’ ; il a ajouté espérer « que cette requête prophétique provoquera en chacun, à tous les niveaux de la société, le refus ferme de toute forme de corruption qui détourne les ressources destinées aux pauvres, et décidera la volonté d’un effort concerté pour inclure tout homme, toute femme et tout enfant dans la vie de la communauté ».
Enfin, insistant sur l’importance qu’il accorde aux jeunes et aux familles, le pape a affirmé que la famille, qui peut souffrir d’« être défigurée et détruite », a besoin d’être soutenue. « Nous savons combien il est difficile aujourd’hui pour nos démocraties de préserver et de défendre ces valeurs humaines de base que sont le respect de la dignité inviolable de toute personne humaine, le respect des droits à la liberté de conscience et de religion, le respect du droit inaliénable à la vie, depuis celle des enfants qui ne sont pas encore nés jusqu’à celle des personnes âgées et des malades », a-t-il exposé, avant de « lancer un défi et un encouragement » aux autorités philippines : « Puissent les profondes valeurs spirituelles du peuple philippin continuer de trouver leur expression dans l’effort pour procurer à vos concitoyens un développement humain intégral. » (eda/ra)
(Source: Eglises d'Asie, le 16 janvier 2015)