Le texte circulait dans les milieux ecclésiaux chinois depuis plusieurs mois sous forme de proposition et inquiétait les observateurs de l’Eglise catholique en Chine. Ces inquiétudes se sont confirmées lorsque le texte en question a été approuvé par Pékin au mois d’avril dernier. Le document, qui concerne le processus de sélection des évêques en Chine continentale, vient durcir un précédent règlement de 1993.
Ce nouveau règlement va dans le sens d’une centralisation accrue des décisions à Pékin et donc d’un contrôle renforcé sur la vie des diocèses par les organes centraux, notamment de la Conférence « officielle » des évêques, entièrement entre les mains du pouvoir chinois. Avec seize articles, le nouveau règlement est plus détaillé que le texte de 1993, qui n’en comptait que six. Il a été mis en ligne le 24 avril dernier sur le site officiel de l'Eglise catholique en Chine (Association patriotique et Conférence « officielle »).
Ainsi, lorsqu’un siège épiscopal est vacant ou qu’un diocèse se trouve dans la situation de devoir choisir celui qui sera amené à le diriger (une trentaine de diocèses sont aujourd'hui dans ce cas), le nouveau règlement stipule que le diocèse en question a l’obligation d’obtenir le double accord de la Conférence épiscopale et du Bureau des Affaires religieuses à Pékin pour entamer le processus qui mènera du choix du futur évêque à son ordination effective. Le nouveau texte précise aussi la manière dont doit être composé le comité diocésain chargé d’« élire » le futur évêque, ainsi que le mode de fonctionnement de celui-ci.
Dans l’ancien règlement, les diocèses avaient déjà l’obligation d’en référer aux instances de contrôle de l’Eglise mais cette obligation ne s’exerçait qu’au niveau provincial. En l’absence de pressions particulières exercées par Pékin, les responsables locaux de ces instances de contrôle pouvaient très bien fermer les yeux sur la manière dont un diocèse s’organisait pour choisir son futur évêque dès lors que l’Eglise locale en question entretenait de bonnes relations avec eux. Désormais, ce genre d’arrangement ne sera plus possible, estiment les observateurs.
Par ailleurs, le nouveau texte réaffirme que les évêques de Chine doivent soutenir le rôle dirigeant du Parti communiste chinois et défendre le système socialiste en place, engagement déjà présent dans le serment exigé du nouvel évêque lors de son ordination.
Pour Anthony Lam Sui-ki, spécialiste de ces questions au Centre d’études du Saint-Esprit à Hongkong, ce nouveau règlement « constitue une régression dans la mesure où il bloque toute normalisation de la vie de l’Eglise en Chine ».
Sur les raisons qui motivent Pékin à durcir ainsi son attitude concernant les ordinations épiscopales au sein de l’Eglise catholique, les analystes avancent les actes posés ces derniers temps par différents jeunes prêtres appelés à l’épiscopat au sein de la partie « officielle » de l’Eglise qui se sont rebellés contre la mainmise des autorités gouvernementales sur la vie de leurs diocèses respectifs. Sont cités l’exemple de Mgr Joseph Sun Jigen, consacré évêque coadjuteur du diocèse de Handan (Hebei) dans le secret le 21 juin 2011, huit jours avant la date officiellement prévue, pour éviter de se voir consacré par un évêque qui lui-même n’était pas en communion avec Rome, ou bien encore le cas de Mgr Thaddeus Ma Daqin, qui, lors de sa messe d’ordination le 7 juillet dernier en la cathédrale de Shanghai, évita de se voir imposer les mains par un évêque illégitime pourtant présent autour de l’autel, et qui annonça son départ de l’Association patriotique des catholiques chinois.
Pékin, qui manœuvre déjà quasiment à chaque ordination épiscopale pour imposer des évêques illégitimes parmi les évêques consécrateurs, chercherait, avec ce nouveau règlement, à verrouiller le processus de sélection et d’ordination des évêques de manière à être certain de le contrôler entièrement. Les observateurs notent aussi que le nouveau règlement se pose en miroir du fonctionnement de l’Eglise universelle. Ainsi, là où Rome envoie à un évêque nouvellement ordonné son anneau épiscopal et sa croix épiscopale après la cérémonie d’ordination, Pékin, avec ce nouveau texte, se réserve le droit de dire si, une fois la cérémonie achevée et pourvu que celle-ci se soit déroulée conformément à ses instructions, l’évêque ordonné en Chine sera ou non à même de prendre la tête de son diocèse.
Cité par l’agence Ucanews, Kwun Ping-hung, qui depuis Hongkong suit de longue date les affaires de l’Eglise en Chine, estime que, face à un tel texte, « certains diocèses [dans la partie « officielle » de l’Eglise] pourraient être contraints d’ordonner secrètement leurs évêques de manière à éviter la présence d’un évêque illégitime [i.e. non en communion avec Rome] lors d’une cérémonie d’ordination épiscopale approuvée par le Vatican ».
Si ce document est un nouveau témoignage de la dégradation des relations entre la Chine et le Saint-Siège, il est aussi, estime Anthony Lam Sui-ki, « l’occasion pour les évêques approuvés par le Vatican de se montrer courageux et de ne pas se laisser intimider par les autorités ».
Des propos qui viennent en écho à ceux prononcés par le pape François le 22 mai à l’occasion de la traditionnelle audience générale du mercredi, place Saint-Pierre à Rome. S’exprimant pour la première fois en public au sujet de la Chine, le pape François a évoqué le 24 mai, journée de prière pour les catholiques chinois, instituée en 2007 par son prédécesseur. Reprenant des passages de la prière à Notre-Dame de Sheshan, écrite par Benoît XVI en 2008, il a invoqué la Vierge Marie, lui demandant de « soutenir les catholiques de Chine, de faire grandir l’affection et la participation de l’Eglise qui est en Chine au chemin de l’Eglise universelle ».
« Que leurs engagements, difficiles, aient toujours plus de prix aux yeux du Seigneur », a-t-il poursuivi, concluant son appel par ces mots : « Notre-Dame de Sheshan, soutiens l’engagement de ceux qui, en Chine, à travers les difficultés quotidiennes, continuent à croire, à espérer, à aimer, afin qu’ils ne craignent jamais de parler de Jésus au monde et du monde à Jésus. »
Le soir même de son élection sur le trône de Pierre, le pape François avait reçu des mains du cardinal John Tong Hon, évêque de Hongkong, une petite statue en bronze de Notre-Dame de Sheshan, réplique de celle qui trône au sommet du sanctuaire marial, près de la ville de Shanghai. Dans les jours suivants, le pape avait assuré qu’il avait placé cette statue dans sa chambre et qu’il priait tous les jours pour l'Eglise en Chine, ajoutant ces mots : « La Chiesa in Cina è nel moi cuore. » (‘L’Eglise en Chine est dans mon cœur.’)
(Source: Eglises d'Asie, 23 mai 2013)
Ce nouveau règlement va dans le sens d’une centralisation accrue des décisions à Pékin et donc d’un contrôle renforcé sur la vie des diocèses par les organes centraux, notamment de la Conférence « officielle » des évêques, entièrement entre les mains du pouvoir chinois. Avec seize articles, le nouveau règlement est plus détaillé que le texte de 1993, qui n’en comptait que six. Il a été mis en ligne le 24 avril dernier sur le site officiel de l'Eglise catholique en Chine (Association patriotique et Conférence « officielle »).
Ainsi, lorsqu’un siège épiscopal est vacant ou qu’un diocèse se trouve dans la situation de devoir choisir celui qui sera amené à le diriger (une trentaine de diocèses sont aujourd'hui dans ce cas), le nouveau règlement stipule que le diocèse en question a l’obligation d’obtenir le double accord de la Conférence épiscopale et du Bureau des Affaires religieuses à Pékin pour entamer le processus qui mènera du choix du futur évêque à son ordination effective. Le nouveau texte précise aussi la manière dont doit être composé le comité diocésain chargé d’« élire » le futur évêque, ainsi que le mode de fonctionnement de celui-ci.
Dans l’ancien règlement, les diocèses avaient déjà l’obligation d’en référer aux instances de contrôle de l’Eglise mais cette obligation ne s’exerçait qu’au niveau provincial. En l’absence de pressions particulières exercées par Pékin, les responsables locaux de ces instances de contrôle pouvaient très bien fermer les yeux sur la manière dont un diocèse s’organisait pour choisir son futur évêque dès lors que l’Eglise locale en question entretenait de bonnes relations avec eux. Désormais, ce genre d’arrangement ne sera plus possible, estiment les observateurs.
Par ailleurs, le nouveau texte réaffirme que les évêques de Chine doivent soutenir le rôle dirigeant du Parti communiste chinois et défendre le système socialiste en place, engagement déjà présent dans le serment exigé du nouvel évêque lors de son ordination.
Pour Anthony Lam Sui-ki, spécialiste de ces questions au Centre d’études du Saint-Esprit à Hongkong, ce nouveau règlement « constitue une régression dans la mesure où il bloque toute normalisation de la vie de l’Eglise en Chine ».
Sur les raisons qui motivent Pékin à durcir ainsi son attitude concernant les ordinations épiscopales au sein de l’Eglise catholique, les analystes avancent les actes posés ces derniers temps par différents jeunes prêtres appelés à l’épiscopat au sein de la partie « officielle » de l’Eglise qui se sont rebellés contre la mainmise des autorités gouvernementales sur la vie de leurs diocèses respectifs. Sont cités l’exemple de Mgr Joseph Sun Jigen, consacré évêque coadjuteur du diocèse de Handan (Hebei) dans le secret le 21 juin 2011, huit jours avant la date officiellement prévue, pour éviter de se voir consacré par un évêque qui lui-même n’était pas en communion avec Rome, ou bien encore le cas de Mgr Thaddeus Ma Daqin, qui, lors de sa messe d’ordination le 7 juillet dernier en la cathédrale de Shanghai, évita de se voir imposer les mains par un évêque illégitime pourtant présent autour de l’autel, et qui annonça son départ de l’Association patriotique des catholiques chinois.
Pékin, qui manœuvre déjà quasiment à chaque ordination épiscopale pour imposer des évêques illégitimes parmi les évêques consécrateurs, chercherait, avec ce nouveau règlement, à verrouiller le processus de sélection et d’ordination des évêques de manière à être certain de le contrôler entièrement. Les observateurs notent aussi que le nouveau règlement se pose en miroir du fonctionnement de l’Eglise universelle. Ainsi, là où Rome envoie à un évêque nouvellement ordonné son anneau épiscopal et sa croix épiscopale après la cérémonie d’ordination, Pékin, avec ce nouveau texte, se réserve le droit de dire si, une fois la cérémonie achevée et pourvu que celle-ci se soit déroulée conformément à ses instructions, l’évêque ordonné en Chine sera ou non à même de prendre la tête de son diocèse.
Cité par l’agence Ucanews, Kwun Ping-hung, qui depuis Hongkong suit de longue date les affaires de l’Eglise en Chine, estime que, face à un tel texte, « certains diocèses [dans la partie « officielle » de l’Eglise] pourraient être contraints d’ordonner secrètement leurs évêques de manière à éviter la présence d’un évêque illégitime [i.e. non en communion avec Rome] lors d’une cérémonie d’ordination épiscopale approuvée par le Vatican ».
Si ce document est un nouveau témoignage de la dégradation des relations entre la Chine et le Saint-Siège, il est aussi, estime Anthony Lam Sui-ki, « l’occasion pour les évêques approuvés par le Vatican de se montrer courageux et de ne pas se laisser intimider par les autorités ».
Des propos qui viennent en écho à ceux prononcés par le pape François le 22 mai à l’occasion de la traditionnelle audience générale du mercredi, place Saint-Pierre à Rome. S’exprimant pour la première fois en public au sujet de la Chine, le pape François a évoqué le 24 mai, journée de prière pour les catholiques chinois, instituée en 2007 par son prédécesseur. Reprenant des passages de la prière à Notre-Dame de Sheshan, écrite par Benoît XVI en 2008, il a invoqué la Vierge Marie, lui demandant de « soutenir les catholiques de Chine, de faire grandir l’affection et la participation de l’Eglise qui est en Chine au chemin de l’Eglise universelle ».
« Que leurs engagements, difficiles, aient toujours plus de prix aux yeux du Seigneur », a-t-il poursuivi, concluant son appel par ces mots : « Notre-Dame de Sheshan, soutiens l’engagement de ceux qui, en Chine, à travers les difficultés quotidiennes, continuent à croire, à espérer, à aimer, afin qu’ils ne craignent jamais de parler de Jésus au monde et du monde à Jésus. »
Le soir même de son élection sur le trône de Pierre, le pape François avait reçu des mains du cardinal John Tong Hon, évêque de Hongkong, une petite statue en bronze de Notre-Dame de Sheshan, réplique de celle qui trône au sommet du sanctuaire marial, près de la ville de Shanghai. Dans les jours suivants, le pape avait assuré qu’il avait placé cette statue dans sa chambre et qu’il priait tous les jours pour l'Eglise en Chine, ajoutant ces mots : « La Chiesa in Cina è nel moi cuore. » (‘L’Eglise en Chine est dans mon cœur.’)
(Source: Eglises d'Asie, 23 mai 2013)