Décès du vénérable Thích Huyền Quang, quatrième patriarche du bouddhisme unifié
Le patriarche du bouddhisme unifié Thích Huyền Quang est décédé au début de l’après-midi du 5 juillet dernier, au monastère de Nguyên Thiêu, dans la province du Binh Dinh, lieu où le religieux a passé la dernière partie de sa vie. Un communiqué publié à Saigon et diffusé par le Bureau international d’information bouddhiste à Paris a annoncé que le quatrième patriarche du bouddhisme unifié, après une longue maladie et malgré les soins des médecins, des religieux et de fidèles de sa communauté, venait « de faire le sacrifice de sa vie ». Dans la matinée du 6 juillet, la plupart des membres de la hiérarchie du bouddhisme unifié, parmi lesquels le vénérable Thich Quang Dô, adjoint et sans doute successeur du patriarche, de nombreux religieux et fidèles des provinces environnantes étaient réunis dans l’enceinte du monastère pour célébrer la première cérémonie des funérailles bouddhiques, « Lê Nhâp Kim Quan ».
Après un séjour à l’hôpital de Quy Nhon où il était rentré le 25 mai derniers pour soigner diverses affections dues au diabète, il avait été ramené, la veille de sa mort, dans le monastère où il séjournait. Dans les jours qui ont précédé la mort du patriarche, alors que les membres de la hiérarchie du bouddhisme unifié s’étaient regroupés auprès de lui, un grand nombre de médias officiels ont répercuté une très virulente campagne contre le vénérable Thich Quang Dô et ses confrères, accusés de s’être réunis pour empêcher l’organisation d’obsèques officielles par l’Eglise bouddhiste patronnée par l’Etat. La veille de la mort du patriarche, une lettre ouverte d’un des membres de la hiérarchie bouddhiste dénonçait cette tentative de récupération post-mortem.
Le religieux était originaire de la province du Binh Dinh, où il était né en 1920. C’est dans cette province qu’il avait entamé sa formation à la vie religieuse dès l’âge de 12 ans. En 1945, il participa pendant un temps à la lutte du Vietminh contre les Français. Mais, en 1951, il fut interné pendant quatre ans pour avoir critiqué la politique religieuse des communistes. En 1963, il participa aux manifestations bouddhistes qui préludèrent à la chute du président Ngo Dinh Diêm. A partir de 1964, il devint l’un des principaux animateurs du bouddhisme unifié, créé à cette époque.
Après le changement de régime au Sud-Vietnam en 1975, avec son confrère Thich Qiang Dô, le vénérable Thich Huyên Quang s’est fait le porte-parole de l’autonomie du bouddhisme unifié, face au nouveau pouvoir. Dès le mois de mars 1977, dans une lettre de protestation adressée à Pham Van Dông, le religieux, alors vice-président du Conseil exécutif de l’Eglise bouddhique unifiée, s’était élevé contre ce qu’il appelait « une politique de répression du bouddhisme » mise en œuvre par l’Etat. Le mois suivant, le religieux était arrêté une première fois, en compagnie de Thich Quang Dô et de quatre autres dirigeants, à la pagode An Quang, siège de l’Eglise bouddhique unifiée. Ils furent relâchés en décembre 1978.
En novembre 1981, l’Eglise bouddhique unifiée fut, sur l’initiative du gouvernement, supplantée par l’Eglise bouddhique du Vietnam, qui, selon les termes mêmes de sa charte, était seule habilitée à représenter le bouddhisme vietnamien. Thich Huyên Quang protesta aussitôt. Au mois de février 1982, il fut arrêté et « une mesure administrative » prise par la municipalité de Hô Chi Minh-Ville lui signifia son exil. Le dirigeant bouddhiste était relégué dans la province du Quang Ngai, au Centre-Vietnam, alors que Thich Quang Dô était conduit au Nord-Vietnam, dans la province de Quang Binh. Dix ans plus tard, le 3 mai 1992, passant outre le refus du gouvernement, il vint assister à Huê aux obsèques du troisième patriarche, Thich Dôn Hâu, à qui il devait succéder. De retour dans sa résidence surveillée, dont il devait changer en décembre 1994 (1), puis plus tard dans le monastère de Nguyen Thiêu, il n’a cessé de diffuser dans le monde entier ses protestations contre la répression exercée contre son Eglise (2). Ses démêlés avec les autorités ont été innombrables, même si ces dernières ont quelquefois essayé de le séduire, comme le 2 avril 2003(3), date où il a rencontré le Premier ministre à Hanoi et jouit d’une relative liberté pendant quelques mois, ou encore tout récemment, lorsque le gouvernement l’a invité à présider la fête officielle du Vesak.
(1) Voir EDA 193.
(2) Ces textes ont été principalement diffusés par le Bureau international d’information bouddhiste à Paris. Plusieurs d’entre eux ont été traduits dans Eglises d’Asie. Voir par exemple le cahier de documents d’EDA 141. Voir aussi « Histoire récente du bouddhisme au Vietnam », dans EDA 15 (Cahier de documents).
(3) Voir EDA 370.
(Source: Eglises d'Asie - 8 juillet 2008)
Le patriarche du bouddhisme unifié Thích Huyền Quang est décédé au début de l’après-midi du 5 juillet dernier, au monastère de Nguyên Thiêu, dans la province du Binh Dinh, lieu où le religieux a passé la dernière partie de sa vie. Un communiqué publié à Saigon et diffusé par le Bureau international d’information bouddhiste à Paris a annoncé que le quatrième patriarche du bouddhisme unifié, après une longue maladie et malgré les soins des médecins, des religieux et de fidèles de sa communauté, venait « de faire le sacrifice de sa vie ». Dans la matinée du 6 juillet, la plupart des membres de la hiérarchie du bouddhisme unifié, parmi lesquels le vénérable Thich Quang Dô, adjoint et sans doute successeur du patriarche, de nombreux religieux et fidèles des provinces environnantes étaient réunis dans l’enceinte du monastère pour célébrer la première cérémonie des funérailles bouddhiques, « Lê Nhâp Kim Quan ».
Après un séjour à l’hôpital de Quy Nhon où il était rentré le 25 mai derniers pour soigner diverses affections dues au diabète, il avait été ramené, la veille de sa mort, dans le monastère où il séjournait. Dans les jours qui ont précédé la mort du patriarche, alors que les membres de la hiérarchie du bouddhisme unifié s’étaient regroupés auprès de lui, un grand nombre de médias officiels ont répercuté une très virulente campagne contre le vénérable Thich Quang Dô et ses confrères, accusés de s’être réunis pour empêcher l’organisation d’obsèques officielles par l’Eglise bouddhiste patronnée par l’Etat. La veille de la mort du patriarche, une lettre ouverte d’un des membres de la hiérarchie bouddhiste dénonçait cette tentative de récupération post-mortem.
Le religieux était originaire de la province du Binh Dinh, où il était né en 1920. C’est dans cette province qu’il avait entamé sa formation à la vie religieuse dès l’âge de 12 ans. En 1945, il participa pendant un temps à la lutte du Vietminh contre les Français. Mais, en 1951, il fut interné pendant quatre ans pour avoir critiqué la politique religieuse des communistes. En 1963, il participa aux manifestations bouddhistes qui préludèrent à la chute du président Ngo Dinh Diêm. A partir de 1964, il devint l’un des principaux animateurs du bouddhisme unifié, créé à cette époque.
Après le changement de régime au Sud-Vietnam en 1975, avec son confrère Thich Qiang Dô, le vénérable Thich Huyên Quang s’est fait le porte-parole de l’autonomie du bouddhisme unifié, face au nouveau pouvoir. Dès le mois de mars 1977, dans une lettre de protestation adressée à Pham Van Dông, le religieux, alors vice-président du Conseil exécutif de l’Eglise bouddhique unifiée, s’était élevé contre ce qu’il appelait « une politique de répression du bouddhisme » mise en œuvre par l’Etat. Le mois suivant, le religieux était arrêté une première fois, en compagnie de Thich Quang Dô et de quatre autres dirigeants, à la pagode An Quang, siège de l’Eglise bouddhique unifiée. Ils furent relâchés en décembre 1978.
En novembre 1981, l’Eglise bouddhique unifiée fut, sur l’initiative du gouvernement, supplantée par l’Eglise bouddhique du Vietnam, qui, selon les termes mêmes de sa charte, était seule habilitée à représenter le bouddhisme vietnamien. Thich Huyên Quang protesta aussitôt. Au mois de février 1982, il fut arrêté et « une mesure administrative » prise par la municipalité de Hô Chi Minh-Ville lui signifia son exil. Le dirigeant bouddhiste était relégué dans la province du Quang Ngai, au Centre-Vietnam, alors que Thich Quang Dô était conduit au Nord-Vietnam, dans la province de Quang Binh. Dix ans plus tard, le 3 mai 1992, passant outre le refus du gouvernement, il vint assister à Huê aux obsèques du troisième patriarche, Thich Dôn Hâu, à qui il devait succéder. De retour dans sa résidence surveillée, dont il devait changer en décembre 1994 (1), puis plus tard dans le monastère de Nguyen Thiêu, il n’a cessé de diffuser dans le monde entier ses protestations contre la répression exercée contre son Eglise (2). Ses démêlés avec les autorités ont été innombrables, même si ces dernières ont quelquefois essayé de le séduire, comme le 2 avril 2003(3), date où il a rencontré le Premier ministre à Hanoi et jouit d’une relative liberté pendant quelques mois, ou encore tout récemment, lorsque le gouvernement l’a invité à présider la fête officielle du Vesak.
(1) Voir EDA 193.
(2) Ces textes ont été principalement diffusés par le Bureau international d’information bouddhiste à Paris. Plusieurs d’entre eux ont été traduits dans Eglises d’Asie. Voir par exemple le cahier de documents d’EDA 141. Voir aussi « Histoire récente du bouddhisme au Vietnam », dans EDA 15 (Cahier de documents).
(3) Voir EDA 370.
(Source: Eglises d'Asie - 8 juillet 2008)